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MIGRANTS, PARLONS-EN ENSEMBLE

Jeudi 10 octobre, le Laü vous convie à sa première rencontre de la saison 2019-2020. Intitulée, « Migrants, parlons-en ensemble », l’évènement se déroulera en deux temps, l’un artistique, l’autre autour d’une conférence, avec en complément, un débat faisant suite à cette rencontre, dans le cadre d’un apéro citoyen quelque jours plus tard.

 

Organisée en partenariat avec le Collectif d’associations pour le Respect des Droits des Etrangers – Solidarité Migrants, qui regroupe de nombreuses associations locales partageant valeurs, convictions et objectifs d’actions, cette rencontre entend avant tout éclairer son public sur les questions liées au phénomène migratoire en Europe. Pour ce faire, Catherine WIHTOL DE WENDEN, chercheuse au CNRS et dont l’expertise sur la question fait aujourd’hui largement autorité dans le monde universitaire animera une longue conférence où elle livrera de façon très accessible les clefs de compréhension de ce phénomène complexe.

Nicole AMROUCHE, membre et coordinatrice du CRDE depuis sa création il y a 20 ans, alors qu’il portait encore le nom de comité contre l’exclusion et Thérèse AUCLAIR, fondatrice de la maison des femmes et militante de la première heure pour le respect des droits et de la dignité des demandeurs d’asile nous parlent ici de cette rencontre, son sens et de ses objectifs.

 

Symphonie de la solitude

 

Chorégraphiée par Vincent HARISDO, avec la participation de Abou DIARRA, Symphonie de la solitude/Sombras est un spectacle de danse contemporaine à la forme originale. Avec une partition de l’espace scénique entre les danseurs et l’arrière scène où est projeté le film « Sombras », elle met en scène la solitude et l’exil, deux thématiques majeures et récurrentes dès que l’on s’intéresse au vécu des personnes en parcours migratoire. Alors qu’elle militait au sein de la maison des femmes qui a malheureusement tiré son rideau aujourd’hui, Thérèse AUCLAIR qui a aussi cofondé l’association de danse contemporaine « Dansité » (à laquelle nous avions récemment consacré quelques pages) a souvent traité de ces sujets centraux. « Nous avions très souvent adopté ce mélange entre l’art et le discours lors de nos évènements, à l’image de la forme que prendra cette rencontre du Laü. L’exil et la solitude sont des thématiques qui débordent largement la question migratoire, dans lesquelles tout un chacun peut se retrouver ou trouver une résonance. La danse ou l’art en général sont aussi des langages universels, à même de parler à toutes les personnes, par-delà les langues ou les cultures ».

 

Du comité anti-exclusion au CRDE

Militante au sein du CRDE depuis 20 ans alors qu’il s’appelait encore « comité de lutte contre l’exclusion », Nicole AMROUCHE fut un témoin de premier plan des évolutions du phénomène migratoire, de sa perception et de son traitement tant médiatique que juridique ou encore politique. « On constate une constante évolution des lois et réglementations dans un sens toujours plus complexe et restrictif », déplore-t-elle.  Thérèse AUCLAIR me rappelle que leur « combat militant porte avant tout sur le respect d’un droit (et non son obtention) tant français qu’européen, celui de l’asile et de la dignité des personnes en parcours migratoire, un droit d’asile ratifié comme inaliénable par les conventions européennes ». En témoigne l’Aide Médicale de l’Etat, un droit historique au pays des lumières, « qui concentre aujourd’hui bien des critiques abusives et se retrouve sur la sellette ».

Parallèlement à ce durcissement des lois, l’instabilité géopolitique ne cesse de s’aggraver dans le monde, notamment en Afrique et au Moyen Orient, à quoi s’ajoutent les profondes difficultés économiques que traversent certains pays, également d’Afrique mais aussi des Balkans, ce qui a une répercussion directe sur le nombre de migrants qui demandent, légitimement cet asile. En outre bien qu’elle soit dans les faits l’un des pays d’Europe qui accueille le moins de demandeurs d’asile, la France conserve sa réputation historique de terre d’asile liée à son rayonnement passé de défenseur des droits de l’homme.

Au niveau local, le CRDE, coordonne les actions d’une quinzaine d’associations militantes, partageant un socle de valeurs communes, en faveur du respect des droits et de la dignité des personnes étrangères et des bénévoles les accompagnant. Trois lieux d’accueil, répartis sur autant de quartiers palois distincts (Ousse des Bois, Saragosse et le Hédas), proposent des permanences d’aides et d’informations, sur les plans juridiques et administratifs. Nicole AMROUCHE précise que les actions menées et les dossiers défendus peuvent prendre bien des formes selon la disparité des cas singuliers et des situations corolaires à gérer.

« Le collectif joue aussi un rôle de lanceur d’alerte auprès des pouvoirs publics, des élus et de l’opinion en général », confie Nicole, qui constate et déplore une instrumentalisation politique à des fins électoralistes du phénomène migratoire. « On observe l’évolution sémantique du discours sur les migrants, notamment à travers l’apparition d’éléments de langages parfois très nauséabonds. Il y a un glissement, une banalisation d’emplois de termes auraient autrefois choqué l’opinion.

C’est la principale raison d’être de cette conférence : battre en brèche les idées reçues et donner la réalité des faits, à travers un discours aussi clair qu’étayé par des chiffres concrets sur le phénomène migratoire aujourd’hui ».

 

Briser les fausses idées reçues, présenter la réalité d’un phénomène.

Comme nous le rappelions en introduction, Catherine WIHTOL DE WENDEN fait aujourd’hui autorité en matière d’expertise sur le phénomène des migrants. Chercheuse au CNRS, l’universitaire a consacré une large partie de sa longue carrière à étudier le phénomène. « Enormément de fake news ou raccourcis circulent aujourd’hui, quand ils ne sont pas carrément véhiculés par certains des politiques les plus démagogues », constate Nicole AMROUCHE. En résulte des regards erronés de la population sur ces questions.

« C’est par exemple le cas de cette fausse idée qui circule entre vrai et faux réfugiés, une idée tout simplement fausse et qu’il est important d’expliquer, comme le fait le site internet « espoir d’asile [1]» : « Il n’existe pas de « vrais » demandeurs d’asile qui ont besoin d’une protection d’une part et des migrants « économiques » sans besoin de protection. Si seuls 20 % des demandeurs d’asile obtiennent une protection internationale de la France, cela ne signifie absolument pas comme l’a déclaré J.L. TOURAINE, co-auteur du rapport sur la réforme de l’asile, que les 80 % de déboutés du droit d’asile sont de « faux » demandeurs et donc tous des migrants « économiques ». Quand on connait la sévérité des autorités de l’asile, notamment de l’Ofpra, on peut douter que beaucoup de demandeurs d’asile obtiennent une protection sans y avoir droit, mais il est tout aussi faux d’affirmer que tous les demandeurs d’asile déboutés seraient des « migrants économiques ». Preuve en est, certains demandeurs expulsés l’ont été au péril de leur vie, parfois même tués après avoir été expulsés dans leur pays d’origine. En outre, l’examen de la situation géopolitique des pays d’origine démontre que, le plus souvent, la demande d’asile s’explique par des violations de droit humain ou des situations de violence. Enfin, les statistiques montrent que le chômage et la pauvreté ont peu d’incidence sur le nombre de demandeurs d’asile qui quittent leur pays, mais que leur nombre augmente lorsque la situation de leur pays se dégrade alors qu’il diminue si elle s’améliore. »

« Migrants, parlons-en ! »

« Migrants, parlons-en ! », une rencontre du Laü, gratuite bien entendue, à laquelle nous vous convions chaleureusement. « L’idée c’est avant tout de donner des clefs de compréhension claires et accessibles d’un phénomène complexe, explique Thérèse AUCLAIR.

Dans un second temps, un débat d’opinion ouvert sur ce thème sera proposé au public désireux d’y participer, dans le cadre de notre « Apéro Citoyen » mensuel le mardi 15 octobre. Un rendez-vous souvent très apprécié de notre public, en cela qu’y règne une atmosphère chaleureuse et amicale (les apéritifs offerts y sont peut-être pour quelque chose !) invitant tout un chacun à s’exprimer (ce n’est bien-sûr en aucun cas une obligation). Toutes les opinions y sont respectées et surtout écoutées, ce qui rassure les plus timides d’entre nous. Réfléchir à une question complexe demande du temps et de l’attention.

[1] http://www.espoirdasile.org/artc/Vrais_et_faux_demandeurs_d_asile_/534/fr/article/

 

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