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MARIA RUNDSTRÖM, LA DANSE DANS LA PEAU

L’une des forces du projet associatif global du Laü est de reposer sur l’engagement de nombreuses personnes, forte de leur histoire de vie et leur envie de partager leur passion. Maria RUNDSTRÖM, ancienne professeur responsable de l’activité danse classique/jazz fait partie de ces figures qui ont inscrit leur engagement au Laü dans la durée et ont contribué à l’essor de notre M.J.C.. Elle nous relate aujourd’hui son parcours de vie et son histoire au sein du Laü

 

Brûler pour la danse

Lorsqu’elles s’y essayent pour la première fois, certaines personnes savent d’emblée que l’activité qu’elles viennent de découvrir deviendra une passion qui les guidera tout au long de leur vie.  Pour Maria, c’est à 5 ans que se déclare cet amour pour la danse classique, en Argentine, son pays natal. Dès lors, elle s’y consacrera entièrement dès ce moment.

« Quand on danse, quand on aime profondément la danse, on aime danser sur tout. Mais c’est d’abord le ballet et son univers qui m’ont séduite et que j’ai continué de préférer tout au long de ma carrière. Traduire avec les mouvements de son corps la splendeur des plus grands répertoires classiques, comme le Lac des Cygnes ou Casse-Noisette, en dépassant ses capacités physiques, je crois que c’est cela qui me plaît avant tout dans la danse, confie Maria, alors qu’elle se remémore sa carrière internationale. »

Dès ses 18 ans elle passe avec succès le très sélectif concours d’entrée au ballet national argentin, en tant que soliste, première danseuse. « J’aurais pu y réaliser l’ensemble de ma carrière, puisqu’une fois retenue on vous y propose une place et un salaire à vie. ». C’est d’ailleurs au sein de cette école qu’elle fait la rencontre du français. « Si la danse classique a vu le jour en Italie, c’est à la cour du Roi-Soleil, Louis XIV, qu’elle a été codifiée. Raison pour laquelle la plupart des termes techniques sont français, et que nous suivions des cours pour apprendre la langue ».

 A 22 ans, la jeune danseuse émigre pour les États-Unis, via une audition pour intégrer une compagnie de ballet à Las Vegas, l’Athemous Hall Center, à la recherche de nouveaux talents. Parallèlement à ce contrat, Maria prend des cours de jazz avec assiduité. « Quand on sait faire du classique, on dispose d’une base très riche, qui facilite grandement l’étude d’un autre type de danse. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une audition de jazz implique toujours un examen de danse classique en premier lieu ».

 

Premiers pas en France

A 26 ans, Maria s’envole pour Nice, embauchée pour l’inauguration de grand casino. Elle intègre alors la revue de danse jazz de l’établissement (spectacles réguliers), durant 10 mois. Elle apprend alors plus avant le français et poursuis sa carrière internationale. « J’ai eu la chance de sillonner le monde entier Japon, Finlande, Danemark, Italie, Mexico et L’Amérique latine en générale… C’est très plaisant quand on est jeune et qu’on a soif d’aventure mais peut aussi devenir éreintant dès lors que l’on a fondé une famille auprès de laquelle on veut rester… ». Elle décide de s’établir à Nice à 32 ans en se tournant vers le professorat. « Je donnais des cours à Nice et Monaco. Le rôle de professeur me plaisait mais en tant qu’étrangère, les conditions de travail n’étaient pas des plus faciles. Mon visa français dépendait de mon travail, une situation dont profitaient certains employeurs pour me demander le double de travail d’un salarié français, consciente que si je démissionnais, je mettais également fin à mon visa… » Maria enchaîne les contrats de courtes durée et étend sa zone géographique pour rester en France. Je ne voulais plus travailler à Nice où le directeur de la structure qui m’employait était abusif, j’ai alors atterri en Béarn, où je donnais des cours à Jurançon et Bordes. Je me souviens de cette période très difficile, je me sentais seule, désemparée face à un imbroglio de lois, décrets, et autres normes légiférant l’immigration. C’est à Pau que j’ai trouvé un véritable soutien, en 89, notamment au près d’une employée de la direction de la main d’œuvre étrangère qui m’a écoutée, compris ma situation et beaucoup aidée. J’ai ainsi pu faire reconnaître mon diplôme de danse argentin et obtenir son équivalent français et surtout, me voir délivrer un visa de travail valable 10 ans ! »

Bienvenue au Laü

C’est à cette période aussi que j’ai rencontré Jean-Louis MUNOZ (ancien directeur du Laü, NDLR), présentée par l’intermédiaire du professeur de danse classique d’alors. Cette dernière était sur le départ et cherchait une remplaçante pour reprendre l’activité. J’officiais déjà en tant que professeur à Bordes et Jurançon, mais j’ai particulièrement apprécié la confiance que l’on m’a accordée en me laissant animer la danse classique. Mes précédents emplois en tant que professeurs, à Nice notamment, étaient très directifs, on me disait quoi faire et comment. Tout l’inverse du Laü où j’ai bénéficié d’une liberté totale dans ma pédagogie et mes initiatives, comme la création d’un spectacle de fin d’année, il suffisait de vouloir et on s’y essayait ! Si les rapports avec d’autres activités peuvent parfois être conflictuels comme dans toute organisation plurielle, j’ai particulièrement apprécié l’esprit familial, de camaraderie qui règne au sein de l’équipe d’employés du Laü.

Dès la seconde année en tant que professeur de danse classique au Laü, j’ai été extrêmement surprise par la demande, très forte, d’inscription pour ce cours. Des mères d’élèves, anciennes danseuses amatrices ou simplement curieuses sont venues me demander de danser elles aussi. Jean-Louis m’a alors proposé un créneau de danse jazz pour adulte que j’ai longtemps animé avec grand plaisir. J’ai également animé des cours de gym. Je n’avais pas de diplôme en la matière mais en tant qu’ancienne danseuse professionnelle, j’avais de bonnes notions de pilâtes et de gym, que nous pratiquions intensément. J’ai simplement repris ces pratiques professionnelles que j’ai adaptées au cours et cela a très bien marché. Là encore, on m’a fait confiance et cela a très bien marché. Je pense que c’est d’abord ça la grande force du Laü : permettre aux gens de mettre en œuvre un projet associatif selon leur vision et le donner à partager avec d’autres, ce qui le rend collectif au final.

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