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PETALES France: comprendre et apprendre la parentalité

Pour beaucoup, la parentalité est perçue comme une aptitude naturelle voire innée, sur laquelle il n’est besoin de réfléchir, encore moins de travailler. Une représentation des plus erronées dans les faits, qui peut parfois alimenter la détresse et le sentiment d’isolement des familles rencontrant des difficultés dans la relation avec leurs enfants. C’est précisément à ces dernières que s’adresse PETALES France.

Créée en 2002 cette association propose un soutien aux parents confrontés à ces problématiques, en fondant son action sur deux axes majeurs : la rencontre de familles au sein de groupes animés par des bénévoles qualifiés et la compréhension des dynamiques relationnelles intrafamiliales, en partant de la « théorie de l’attachement. » Elaborée par le chercheur John Bowlby puis ses pairs, cette théorie explique la création du lien qui amène l’attachement entre le bébé et celui qui s’occupe de lui, appelé « figure d’attachement » (l’enfant peut avoir 2 ou 3 figures d’attachement). « Cet attachement est un besoin vital (dit « primaire ») dont la qualité détermine grandement les ressources intérieures dont disposera l’enfant pour faire face aux différentes difficultés de la vie (de mineures à traumatisantes). Pour ce qui est du parent ou du donneur de soin (la figure d’attachement donc), la qualité de l’attachement aura une répercussion quant à l’aide apportée à l’enfant » (extrait du site petales-france.fr/)

A l’origine dédiée aux familles adoptives, Pétales France a élargi son public cible au fil des découvertes et avancées de la recherche sur le sujet. Les demandes grandissantes des familles ou travailleurs sociaux ont amené l’association à inclure les familles de toutes filiations (biologique, famille d’accueil, mais aussi les professionnels, étudiants, associations…)

 

De participante à militante, Anne nous explique l’action de PETALES France

C’est à l’origine en tant que mère adoptive qu’Anne a poussé la porte de Pétales France, un an seulement après sa création, avant de passer de l’autre côté de la barrière, en s’engageant comme bénévole militante. Aujourd’hui membre de conseil d’administration de l’association, elle s’occupe principalement de la constitution des Groupes de Rencontre et d’Echange entre Parents (GREP).

« En tant que parent on peut se trouver démuni face à une situation familiale qui nous dépasse, que l’on ne comprend pas et face à laquelle on peut se sentir impuissant. Une situation qui peut engendrer beaucoup de ressentiment, de frustration ou de stress/anxiété. Le rôle de ces groupes est d’abord de pouvoir libérer la parole de ces personnes en souffrance, désemparées, qui souvent se sentent isolées face à leur problème. Les groupes apportent une écoute réconfortante de la part d’autres parents confrontés à des problématiques similaires. On y partage les situations en toute sécurité (l’anonymat est proposé, on ne donne alors que son prénom), avec une écoute non seulement bienveillante, bien évidemment dépourvue de toute forme de jugement mais aussi avisée. Raison pour laquelle Anne prend plusieurs considérations en compte afin de constituer les groupes les plus cohérents et efficients possibles, en fonction des problématiques de chaque famille ou du niveau de connaissance des parents en matière d’attachement. « Nous gérons une quinzaine de groupes, constitués de 3 à 7 familles grand maximum, afin de maintenir un niveau qualitatif en matière d’écoute, de formation et réflexion. Cette sélection passe par un entretien téléphonique où l’on va écouter les problématiques posées par les parents afin de juger si elles sont bien du ressort de notre action, et d’évaluer la demande et les besoins énoncés.

Chaque groupe est en effet animé par deux animateurs formés sur la théorie de l’attachement mais aussi les problématiques attenantes à ce domaine. A l’image d’Anne et de son parcours au sein de l’association, les bénévoles ont eux d’abord été des parents au sein des GREP, avant de s’engager plus avant au sein de l’action proposée. Ils suivent au moins deux formations annuelles, afin de rester au plus proche des avancées de la recherche : psychologiques, neurosciences, travail social etc., sur les sujets qui nous concernent. »

« Il est intéressant de suivre l’évolution de la réception de la théorie de l’attachement au fil des ans. En 2002 parler d’attachement relevait du tabou. C’est l’excès inverse qui se produit aujourd’hui, où l’on retrouve ce terme employé à tout bout de champ. N’importe quel conflit banal et normal entre parents et enfants se trouve traduit en trouble de l’attachement, de la concentration, d’hyperactivité et autres notions médicales « fourre-tout » dont on détourne ou élargit largement le sens. Un ado qui se dresse contre l’autorité des parents ne témoigne pas d’un problème psycho clinique, c’est un simplement un ado. A dire vrai les véritables troubles de l’attachement, au sens médical du terme sont très rares dans les faits. C’est pourquoi ce que nous proposons c’est de travailler sur la qualité de l’attachement, une base sur laquelle se fonde le lien affectif. »

 

Partager, écouter et réfléchir ensemble pour décrypter les comportements de l’enfant

« L’objectif [des GREP] n’est pas de « trouver un coupable » face aux difficultés rencontrées mais d’en comprendre l’origine et les conséquences afin de réfléchir aux meilleures pistes de réponses pour aider l’enfant et sa famille. » (Extrait du site petales-france.fr/). Face à un comportement agressif, violent ou colérique d’un enfant, la tentation est grande de chercher un coupable chez les parents ou l’enfant, afin d’expliquer de façon simpliste ce qui relève d’une situation complexe. Une binarité que les GREP aident les parents à dépasser, pour se positionner autrement.

« Travailler sur le lien d’attachement, nous explique Anne, c’est comprendre et expliquer les mécaniques psychologiques à l’œuvre pour décrypter le comportement d’un enfant, comprendre ce qu’il exprime au travers de ses actions et comportement (comme par exemple sa colère), pour instaurer ensuite une approche cohérente et adaptée à son « profil ». Les difficultés rencontrées par l’enfant durant la période critique de la création du lien d’attachement (entre 0 et 2 ans) peuvent se traduire par des comportements que l’on peut avoir du mal à cerner et comprendre en tant que parent. Par exemple certains enfants ne vous croiront pas si vous les complimentez sur quelque chose qu’ils ont fait, même s’ils le « méritent » objectivement. N’étant pas en capacité d’entendre ce compliment qui les désarçonne et qu’ils jugeront faux ou mensonger, ils peuvent chercher le conflit afin de faire correspondre la relation avec leur parent avec celle qu’ils connaissent et avec l’image qu’ils entretiennent et connaissent d’eux-mêmes. Dès lors que cette dynamique est identifiée et comprise par les parents, on peut établir des stratégies ou approches détournées pour valoriser l’image de soi de l’enfant, sans passer par le compliment direct. »

Une chose importante à comprendre est que la figure d’attachement change tout au long de notre vie. Elle est d’abord endossée par les parents ou la personne qui élève l’enfant dans son plus jeune âge mais peut ensuite reposer sur des amis ou autres personnes ressources de notre entourage. De même il est classique de voir le rôle de figure d’attachement être inversé entre parent et enfant à l’heure de la vieillesse, lorsque les parents ne peuvent plus être autonomes et trouvent chez leurs enfants qui les prennent en charge une ultime figure d’attachement.

 

Des ressources plurielles, un champs d’actions élargi

Si les GREP constituent le noyau d’action de Pétales France, l’action de l’association revêt également d’autres formes et propositions complémentaires et à même de répondre à la singularité de chaque famille participante en proposant des ressources diverses et adaptées. Intitulé AIDAA pour « Attachement Insécure Décrypter Adapter Anticiper », ce dispositif propose ainsi un centre d’écoute et tout un panel d’outil et protocoles enseigné aux parents. Le but reste de comprendre et décrypter les comportements problématiques des enfants afin d’y répondre avec le plus de cohérence possible. « L’idée est ici de changer de lunettes, explique Anne, en prenant du recul par rapport aux vécus rapportés, en sortant de l’affect éprouvé. Face à une situation énoncée, on va chercher à décrypter les enjeux avec des clefs de lecture découlant de la théorie. »

 

« Présentation du concept AIDAA : Depuis de nombreuses années, les bénévoles reçoivent les témoignages des familles. Il apparaît que si chaque vécu est bien sûr unique, il y a de nombreux points communs quant aux difficultés que les familles rencontrent dans la gestion du quotidien. On observe également des similitudes au niveau des attitudes parentales qui améliorent les situations ou au contraire les aggravent.

C’est en mutualisant nos observations des vécus des familles et en y intégrant les connaissances de l’attachement que l’association PETALES France a créé le concept AIDAA.

Il ne s’agit pas d’apporter des recettes miracles qui fonctionneraient chez tous et tout le temps mais, en s’appuyant sur la théorie de l’attachement, d’aider les familles à :

– Comprendre l’attachement insécure et ses conséquences au quotidien

– Intégrer d’autres facteurs souvent présents

– Comprendre pourquoi certaines réponses parentales ne sont pas forcément appropriées dans le cadre d’un attachement insécure

– Réfléchir à des attitudes parentales plus adaptées

Nous avons étendu ce concept au niveau de la prévention en proposant une version pour les postulants à l’adoption ou les parents d’enfants arrivés récemment. » (extrait du site http://petales-france.fr/).

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