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East African Bolero : le Bolero comme vous ne l’aviez jamais vu !

Dimanche 19 juin, le forum des arts ouvre ses rideaux sur une soirée chorégraphique d’exception, avec deux spectacles de danse hauts en couleur : « East African Bolero » par Amizero Kompagnie, dont le succès a déjà ravi le public parisien l’été dernier, et « Essaim » par la compagnie DJU DJU. Tous deux inscrits dans une démarche expérimentale, où s’entrecroisent, se mêlent et s’entrechoquent tradition et modernité, ces spectacles puisent dans le richissime héritage chorégraphique africain, de l’est comme de l’ouest pour en proposer une relecture des plus audacieuses, résolument contemporaine. Vincent Harisdo, co-créateur (avec Wesley Ruzbiza) de  « l’East African Bolero », et Sophie Gamba Lautier, et sa compagnie (DJU DJU) qui nous embarquera au sein du spectacle « Essaim » nous parlent de leurs créations, leur esprit, leur visée et leur genèse.

« East African Bolero » : raconter la naissance du monde.

Résolument tourné vers la danse contemporaine, la recherche et l’expérimentation de mouvements qui jouent avec les codes classiques, Vincent Harisdo aime à puiser dans l’héritage traditionnel des cultures africaines pour nourrir ses créations chorégraphiques. D’origine béninoise, les danses de ce pays restent une forte source d’inspiration pour le chorégraphe, mais, comme l’indique le nom de ce spectacle, c’est en Afrique de l’est que « l’East African Bolero » trouve sa source

« Suite à plusieurs séjours au Rwanda, notamment dans le cadre de la commémoration du génocide, j’ai fait la rencontre de Wesley Ruzbiza, le chorégraphe de la pièce, avec qui je partage une proximité artistique, notamment en terme de sensibilité et d’aspiration. Nous sommes tous deux fortement liés à l’héritage artistique africain, ce qu’on appelle la Tradition, tout en étant résolument tourné vers l’évolution actuelle de la danse contemporaine. C’est aussi une même lecture partagée sur la situation de cette danse contemporaine et son renouveau aujourd’hui qui nous rapproche et nous a poussés à travailler ensemble pour créer cet « East African Bolero ». Cette pièce est à l’image de cette accointance artistique notamment sur la recherche de métissage entre tradition et modernité, croyances et réalité, mythes et histoire.

A l’image de la naissance du monde, fruit des éléments qui s’entrechoquent et se mêlent, s’éloignent et se rapprochent, la pièce donne à voir la naissance de notre danse et du mélange de ses propres éléments chorégraphiques, des regards et croyances de Wesley et moi-même… Nous avions envie de nous inscrire de plein pied dans cette mouvance naissante, ce renouveau, cette émergence,  d’embrasser la dynamique de ce surgissement de la danse contemporaine dans la tradition chorégraphique de l’Afrique de l’est. C’est ce qui se donne à voir à travers le thème cosmogonique de cette pièce, la naissance du monde, sur la reprise musicale d’un grand classique : le Bolero de Ravel lui aussi inscrit dans cette démarche de relecture et de réappropriation

Réinterpréter un classique de la danse.

Une innutrition chorégraphique et musicale, c’est ainsi que l’on pourrait résumer la démarche défendue par Vincent et Wesley. A l’image de ces écrivains du XVIème siècle qui puisèrent leur inspiration dans la relecture des textes antiques, les deux artistes aiment à jouer avec les héritages classiques et traditionnels pour en proposer une lecture aussi détonante qu’inédite.

« Nous avons demandé à un jeune compositeur africain, versant d’ordinaire avec talent dans la musique électro et ses codes, de réinterpréter le Bolero de Ravel. A l’image de notre démarche artistique, la consigne était de reprendre ce thème, en y insérant de nouvelles notes et en se réappropriant ses thèmes musicaux, mais en respectant vraiment le matériau d’origine. Le résultat est à l’image de notre métissage artistique : surprenant, hasardeux expérimental et unique. Cela nous permet aussi de toucher un plus jeune public qui ne se serait peut être pas intéressé à Ravel dans sa version d’origine. Cela crée des ponts, entre les arts, les âges et les mouvements. »

 Créer le renouveau

« Pour la préparation du spectacle, nous avons passé un certain temps à sélectionner les danseurs. Nous cherchions avant tout des danseurs  qui connaissaient parfaitement les danses traditionnelles de l’Afrique de l’est, tout en montrant un fort intérêt pour la modernité et la danse contemporaine. »

S’en suivirent trois semaines de travail intense pour la préparation du spectacle. « l’enjeu était ici pour les danseurs d’apprendre un vocabulaire chorégraphique, nourri de ses influences, pour pouvoir donner libre court à son interprétation et libérer l’expressivité. Si les mouvements traditionnels d’Afrique de l’ouest sont tournés vers le sol, c’est au contraire la verticalité qui est recherchée à l’est. Nous avons voulu conserver et donner à voir cette particularité dans la gestuelle. Que ressort-il de ces corps, que nous montrent-ils de l’inconscient collectif ? C’est ce dialogue, cette dynamique qui devient le fil rouge du spectacle…

« Essaim », le spectacle de la compagnie DJU-DJU

Chorégraphe et professeure de danse africaine et contemporaine au sein de sa compagnie DJU-DJU, (dont vous pouvez retrouver les cours à la M.J.C. du Laü), Sophie Gamba Lautier est une amie de Vincent Harisdo dont elle partage fortement la sensibilité, la posture et les aspirations artistiques. Tout comme lui, elle aime à partager « une autre idée de la danse africaine », s’éloignant des représentations classiques qui donneraient à voir l’Afrique et ses héritages artistiques comme le fruit d’un seul pays, une seule culture.

Ce n’est donc (presque) pas un hasard si le thème de spectacle de fin d’année, « Essaim », s’inscrit dans une thématique proche de « l’East African Bolero » : « le thème donné était la naissance, le cocon, la gestation, mais aussi la création d’un monde. C’est aussi ça qu’une pièce donne à voir : un monde artistique, imaginaire et nouveau qui naît et se déploie devant nous. L’enjeu était ici de faire monter sur une même scène les groupes « jeunes » et « initiés » de mes cours et donc de parvenir à une cohérence d’ensemble malgré les différences d’âge et de niveaux. « L’essaim » représentent ces petites abeilles (les plus jeunes) qui sortent de leur cocons et viennent à la rencontre de leurs ainées.

Au cours de l’année, chaque groupe a travaillé ce thème de son côté avant de partager ensuite le fruit de leur efforts sur une même scène. On retrouve donc l’idée d’entrechoquement et de rapprochement de différents éléments et de ce que ces rencontres produisent d’aléatoire, inédit et surprenant, à l’image de la naissance de ce petit monde.

 

East African Bolero : aperçu video

Infos

Les scènes chorégraphiques du Laü : 19 juin 2022, à partir de 18H

–  première partie le spectacle « Essaim« , de la compagnie DJU-DJU et de ses ateliers de danse au Laü 

– suivi d’East African Bolero, par Amizero Kompagnie

 

Lien billetterie : Les scenes du laü : east african bolero (helloasso.com) 

 

 

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