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Dompter le temps : la petite histoire des calendriers

Alors qu’approche la fin de l’an de grâce 2022 avec les fêtes de fin d’année, nous vous proposons un petit focus sur le rapport des hommes avec le temps et sa mesure. Remontant au prémices des plus anciennes civilisations,  l’invention calendrier est née de l’observation des astres et de l’écoulement des jours pour répondre en premier lieu à des besoins humains essentiels, notamment pour ce qui est de l’agriculture et du suivi des saisons, mais aussi d’un cadre venant ordonner le quotidien. Par cet aspect, les calendriers se font de formidables témoins des civilisations et des cultures dont il émanent, donnant à voir les jours de célébrations et autres coutumes qu’ils venaient inscrire et fixer dans le quotidien. Ainsi notre calendrier actuel où chaque jour est dédié à un saint et qui suit de nombreuses fêtes religieuses telles que l’ascension témoigne de notre passé judéo-chrétien, tandis que beaucoup d’autre jours fériés se veulent des célébrations des grandes dates de notre histoire républicaine, comme le 14 juillet, l’armistice ou la fête du travail. Le nom de certains mois quant à lui nous renvoie plus loin encore, aux origines latines de ce découpage fondé sur l’observation du soleil.

 

Aussi loin que remonte l’histoire…

 

Imaginé en tant que système de mesure du temps, l’invention du calendrier remonte aux origines de l’histoire des civilisations, le plus ancien que l’on ait découvert, dans le sud de l’Egypte datant du Vième siècle avant notre ère. C’est en se fondant sur l’observation de la lune et de la lunaison ( intervalle de temps séparant 2 nouvelles lunes) que les premiers systèmes sont imaginés, comme en témoignent le calendrier des babyloniens au IIIième siècle av JC. Comptant 12 mois composés de 29 ou 30 jours, ce calendrier se voyait rajouter des jours pour combler les manques et rester en adéquation avec l’écoulement des saisons. Un système perfectionné plus tard par les Egyptiens qui le remplacèrent par un calendrier non plus lunaire mais solaire (tout comme le nôtre) composé de 12 mois et 365 jours. C’est à partir de l’observation des 2 équinoxes (durée de jour et de nuit identique) et des solstices d’hiver et d’été ( jour le plus long ou le plus court de l’année) que ce dernier fût conceptualisé.

En fonction de l’observation de l’astre sur lequel il s’appuie, le calendrier peut être de 3 types :

  • – le calendrier lunaire : il suit les phases de la lune, 354 jours répartis en 12 mois (calendrier musulman) ;

  • – le calendrier solaire : basé sur les saisons, 365 jours répartis en 12 mois ( calendrier julien et grégorien) ;

  • – le calendrier luni-solaire : mélange des 2, donc 365 jours, mais les mois coïncident avec la lunaison (calendrier chinois).

 

Histoire de notre calendrier

 

 Notre Calendrier, appelé « Grégorien » du nom du pape qui lui donna jour est aujourd’hui utilisé dans la plus grande partie du monde occidental et certains pays d’Asie. Hérité du calendrier romain (appelé « Julien », nom de la Dynastie des empereurs romains descendants de César)  instauré au VIIième siècle av JV par Jules César, le calendrier Grégorien est d’abord le résultat d’une correction apportée à ce calendrier Julien. En effet bien que comptant les années bissextiles tous les 4 ans, ce dernier faisait durer l’année 11 minutes et 14 secondes de trop par rapport à l’année solaire. Un erreur créant un décalage de plus en plus marqué à mesure que passaient les siècles, tant et si bien qu’en 1582 l’équinoxe vernal tombait 10 jours avant sa date calendaire. Pour remédier à ce problème, la réforme grégorienne décréta que 10 jours seraient supprimés du calendrier cette année là (pouf !) avant d’instaurer un nouveau calendrier, en supprimant toutes les années bissextiles séculaires, à l’exception de celles dont le nombre étaient divisibles par 400. C’est depuis cette époque que le début de l’année est fixé au 1er janvier.

 

Le saviez-vous : Pour marquer l’instauration de sa république et symboliser la renouveau de sa révolution, la France a voulu faire table rase de son calendrier grégorien en 1793, pour le remplacer par un calendrier républicain. Imaginé par Fabrice d’Eglantine, il fût utilisé  jusqu’en 1806 avant d’être aboli par Napoléon 1er.  Commençant à l’équinoxe d’automne  (en septembre), l’année était divisée en 12 mois de 30 jours eux même subdivisé en 3 décades (période de 10 jours) venant remplacer les semaines.  Renvoyant les saints auprès de l’église, le nom des jours étaient beaucoup plus pragmatique et renvoyait tout simplement à leur chiffre dans l’ordre de numérotation : primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi etc. Remplaçant le « jour du seigneur », le dernier jour de ces décades marquait un repos. Les jours restants à la fin de l’année (on en comptait 5 ou six du fait de certains mois plus courts) étaient consacrés  aux célébrations des fêtes républicaines. La volonté marquée de rupture avec l’Eglise, considérée comme obscurantiste et empêchant les citoyens d’ émanciper leur esprit et leur libre arbitre, se voyait aussi symbolisée par la remise à zéro du décompte des années, la première année de ce nouveau système s’appelant tout simplement l’an I. Le nom des mois fût également modifié, chaque trimestre accompagnant une saison dont le nom rappelait l’activité principale que l’on y menait : les mois d’automne s’appelaient ainsi Vendémiaire (le mois des vendanges), brumaire (mois des brumes) et frimaire ( pour les « frimas »), ceux d’hiver : Nivôse (la neige), pluviose (on vous laisse deviner) et ventôse (pour  les vents).  Il en était ainsi pour l’ensemble de ces mois républicains… notons le nom de Germinal (mois des germinations) au printemps nous donne un éclairage sur le chef d’œuvre d’Emile Zola et le sens de ce titre.

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