Actualités

Agenda

À LA UNE

Passer la frontière

Dans le cadre du projet « Telema » proposé par l’association MC2A, le Laü a le plaisir de recevoir l’artiste congolais Mega Mingiedi Tung, qui y mènera une résidence dédiée  à la thématique des « frontières ». Passionné par ce sujet, sur lequel il travaille depuis des années (en particulier les africaines) l’artiste inscrit sa créativité dans une démarche fondamentalement ouverte, faisant de cette résidence un mode créatif privilégié. 

Allant à la rencontre des autres, individus ou groupes, amateurs ou professionnels, de leurs regards, sensibilités, idées, dans toute leur diversité, il intègre dans son processus créatif ces rencontres d’où surgissent l’inattendu pour nourrir la construction de son œuvre, qui se donnera à voir dans sa finalité ce vendredi à la M.J.C. à l’occasion de sa sortie de résidence.

Un évènement sur lequel nous reviendrons plus précisément lors d’un prochain article mettant en exergue l’ensemble de ce projet qui mobilise plusieurs acteurs, artistes ou non, désireux d’y participer.

 

Un processus créatif à l’image de la M.J.C.

C’est dans la perspective de cette résidence qu’un groupe de volontaires s’est réuni la semaine passée au Laü  afin de travailler en amont sur une traduction graphique collective du concept de la frontière et de ses évocations. Au-delà de la participation au projet de Mega, notamment en présentant les œuvres réalisées pour qu’elles inspirent son travail, cet « atelier des frontières » répondait avant tout au désir de ses participants de travailler de façon collective sur ce sujet, le long d’un processus donnant la part belle à « l’inter créativité » reflétant ainsi parfaitement la démarche adoptée par l’artiste.

« On va jouer avec la peinture et voir comment les couleurs réagissent lorsqu’elles se rencontrent. Nous allons aller à la rencontre de l’autre dans la couleur » annonce Odile. Peintre et sculpteuse, l’animatrice de ce petit groupe composé de 7 participants. « Moi je fais des ponts de couleurs, pour traverser ces frontières, s’amuse Kiki, une des participantes. Réunis autour d’une grande feuille de papier glacé sur laquelle ont été versés des gouttes d’eau, les participants font glisser leur pinceau imprégné d’une peinture choisie, traçant ainsi des traits de couleur qui se rencontrent et donnent à voir des résultats chromatiques aléatoires et inattendus…

Animatrice du groupe, Odile est une artiste qui a produit de nombreuses œuvres sur différents supports. « Comment parler des frontières ? comment traduire artistiquement ce qu’elles nous évoquent ? c’est tout l’objet de cet atelier, explique-t-elle. J’ai volontairement choisi de ne pas structurer son déroulé, de façon à laisser la place à la spontanéité de chacun, à l’inattendu. L’idée est d’abord de nous rassembler, d’échanger les idées, les perceptions, tout ce que nous évoque le mot « frontière ». Je propose des façons différentes d’aborder ce thème à travers des micro ateliers : on va par exemple travailler d’abord individuellement sur des mots ou des dessins traduisant ce que nous évoquent les frontières avant de reprendre la création d’un autre participant pour la poursuivre, ou rebondir dessus. Cela crée de l’inattendu, de l’aléatoire.

Le plus intéressant dans ce projet, c’est la démarche, bien plus que le résultat, C’est de chercher ensemble ce que nous dit ce mot, en se renvoyant nos regards les uns les autres, en rebondissant sur le travail ou la vision d’un autre pour se la réapproprier ou y répondre… explique Thérèse, à l’initiative de cette proposition d’atelier. C’est ce partage, ce cheminement partagé qui représente vraiment l’œuvre.

Frontières physiques et intérieures.

 « C’est d’abord le thème qui m’a plu et m’a donné envie de participer à l’atelier, explique Kiki,  comme elle aime qu’on l’appelle.  « Frontière » c’est un mot que l’on peut prendre par plein de bouts : comme les frontières concrètes qui séparent les pays et les hommes et pour lesquelles éclatent des guerres comme c’est le cas aujourd’hui entre l’Ukraine et la Russie. Il y a aussi les frontières intérieures qui sont plus difficiles à appréhender. Ça m’interroge, et j’aime en parler dans ce groupe, on peut échanger nos visions respectives dans une ambiance conviviale.

Personnellement cela me rappelle mon adolescence rebondit Alain. Ce thème des frontières m’interrogeait déjà et m’inspirait un sentiment de révolte. Dans un monde idéal, les frontières entre les pays devraient être balayées selon moi, ce sont des murs qui enferment, qui coupent la liberté.  Je me souviens du mur de Berlin d’alors, et de ce qu’il m’inspirait comme dégout. C’est la même chose aujourd’hui, il suffit de voir tous ses migrants qui meurent à nos frontières… c’est révoltant.

Aujourd’hui beaucoup de murs se dressent sur terre, entre les USA et le Mexique, en Israël, explique Odile. Ils incarnent un symbole fort, celui du pouvoir politique qui contraint. Nous essayons ici de travailler sur les symboles justement, à travers différents supports comme des mots, un dessin, ou un symbole choisi reflétant la frontière. J’ai ensuite demandé aux participants de prendre le symbole réalisé par un autre, pour y répondre, le retravailler, pour aller vers l’autre dans et par nos dessins.

 

 

 

À lire aussi