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CLUB PHOTO DU LAÜ : quand l’éducation populaire révèle votre talent !

Initié il y a plus de 40 ans, alors que le Laü portait encore le nom de « Fouchet-Dufau » (nom du quartier où était implantée notre M.J.C.), le club photo fait figure d’activité pionnière au sein de notre structure. Coexistant parallèlement au groupement partenaire « Lumière noire » affilié à la fédération française de photographie mais axé sur une perspective de concours auxquels il inscrit ses adhérents) l’activité photo réunit aujourd’hui des dizaines d’adhérents, amateurs et passionnés, répartis sur cinq niveaux d’expertise de la discipline. Entré dans le club, il y a plus de 20 ans en tant que simple adhérent, Christian Gil est aujourd’hui un bénévole responsable de l’enseignement des premières années au sein de l’activité. Autodidacte et touche à tout, il nous raconte son parcours au sein de l’activité, fait de rencontre et de découverte, et se retrouve porteur d’une belle leçon d’éducation populaire : c’est en s’essayant à des domaines ou des fonctions inattendus, que l’on révèle parfois un talent latent, que l’on peut faire éclore par l’expérience, le partage et le plaisir de faire, ensemble. Tant dans son parcours au sein de l’activité que dans l’enseignement qu’il propose aujourd’hui à ses élèves se retrouve cette histoire que le club photo partage avec le Laü : quand l’éducation populaire révèle votre talent !

 

Autodidacte de l’art photographique pendant une dizaine d’année, c’est d’abord par la porte de la compétition que Christian Gil a poussé la porte du Laü, pour rejoindre le club « Iris 64 », le « prédécesseur » de Lumière noire, qui était axé sur la même perspective de concours. Après quelques années  le photographe s’est vu proposé par Patrick Poujoulet, alors professeur au sein de l’activité photo du Laü et ancien « mentor » de Christian de le remplacer pour un mois dans son rôle d’enseignant. Une place qu’il n’a jamais quittée, et à travers laquelle il s’épanouit pleinement aujourd’hui. Iris 64 a depuis quitté le Laü, remplacé par le club associé Lumière noire, qui propose à ses adhérents la même optique compétitive, en présentant les clichés retenus à divers concours.

« Lumière noire  est un excellent club, qui a  décroché la 5ème place (sur 604 clubs de photographie affiliés à la fédération française) il y a quelques années. Le club évolue depuis dans les 10 premières places, c’est une sacrée performance. Pendant 3 ou 4 ans, j’ai concouru à de nombreuses compétitions via ce cadre. C’est bien-sûr stimulant, mais aussi très exigeant et il est arrivé un moment où je ne trouvais plus le temps de faire mes propres photos. Je voulais tout simplement retrouver ce simple plaisir créatif. Cette expérience m’a cependant apporté, que ce soit en technique mais aussi en rencontre, notamment avec Patrick Poujoulet, fondateur du club. Nous entretenions une réelle complicité et une estime réciproque. Lorsqu’il m’a demandé de le remplacer pour un mois, je n’ai pas dit oui tout de suite. En toute franchise, j’appréhendais ce « poste » et doutais de mes capacités à transmettre un savoir. Savoir prendre des photographies réussies et pouvoir enseigner cet art sont deux choses bien distinctes ! Aujourd’hui je ne regrette pas du tout ce choix qui m’a permis de découvrir à quel point l’enseignement est épanouissant, surtout dans une structure d’éducation populaire comme le Laü, qui mise sa réussite, non pas sur la performance, mais sur la réalisation de chacun et ce à travers le plaisir de la pratique. Il s’agit avant tout d’apprendre à regarder, à pouvoir exprimer sa sensibilité pleinement. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’exigence ou de rigueur requise, au contraire. Je suis d’ailleurs assez direct dans mes propos, c’est une forme de respect selon moi, et cela pousse les adhérents à défendre leurs photos avec leur cœur. Tous les élèves ne finissent pas l’année, certains ne veulent ou ne peuvent pas investir l’effort requis. Mais je suis fier de voir le nombre d’élèves allant jusqu’au bout et se réinscrivant même l’année suivante augmenter dans mes cours ! C’est vrai que cela représente un investissement humain, mais cela vous est rendu au centuple, ne serait que dans la sensation de se réaliser et de se reconnaître dans cette pratique, d’être fier de ses clichés.»

L’œil pétillant et le sourire aux lèvres, Christian explique sa pédagogie, adaptée à chacun des niveaux qu’il anime. Deux mots sont ici récurrents : plaisir et partage. Si chacun est invité à développer son regard, son œil, c’est à travers l’appui du groupe qu’il y parvient. « On apprend ensemble explique Christian. Il ne s’agit pas d’être meilleur que votre voisin, mais de parvenir au meilleur de vous-même, d’aiguiser votre regard, de développer votre propre sensibilité en progressant avec les autres, en s’appuyant sur les inclinaisons de chacun pour définir la vôtre. Par exemple, à la fin de l’année, nous exposons les meilleurs clichés de chacun. Les adhérents sont invités à choisir deux clichés. Même si ce choix est bien sûr personnel, le travail de sélection se fait en groupe, ce qui oblige d’une part les auteurs à bien identifier les points fort de leur création et permet au groupe de se solidariser dans cet « accouchement » intellectuel qui repose beaucoup sur ce temps de construction commune. Encore une fois, il ne s’agit en aucun cas de déterminer un meilleur, mais de permettre à chacun d’offrir le meilleur de soi à lui-même et au groupe. On se positionne, on développe ce que l’on vise, on mêle les sensibilités, croise les regards et on s’inspire mutuellement tout en se reconnaissant et en étant reconnu dans ce processus créatif. C’est vraiment épanouissant. De même nous invitons les adhérents des différents niveaux à échanger sur leur travail, à s’inspirer des autres et à inspirer les autres ! Lors des projections communes, où tous les niveaux sont présents, nous commençons par découvrir les clichés des nouveaux ou des premières années. Il y aura des conseils critiques, ils sont nécessaires pour le progrès, à travers le dialogue mais c’est d’abord et surtout les points positifs des clichés qui seront mis en avant, et ce en toute sincérité et bienveillance. Pour que cela reste un plaisir, ici partagé donc décuplé.

Comprendre comment les autres traitent le réel, quel filtre ils posent dessus à travers leur regard, quel esthétique ils visent permet vraiment de prendre du recul sur son propre regard et ainsi de développer voire révéler des talents latents, des sensibilités épanouies. Je ne parle personnellement pas d’art mais de réalisation. Au-delà du choix des termes, ce que je veux dire par là c’est qu’au lieu de vouloir ressembler à ses maîtres, d’atteindre un attendu artistique comme on décrocherait un label qualité, il faut avant tout « parvenir à son regard », atteindre  son propre talent, et nous en avons tous. »

Techniquement parlant, les cours de Christian Gil visent à l’autonomie dans la création. « Le but est de maîtriser le processus créatif de A à Z. Tant que votre cliché n’est pas imprimé, il n’est pas fini ! Nous commençons par découvrir l’appareil photo et ses fonctions ainsi que la gestion de la lumière, le cadrage, les règles primaires de la composition. Autant d’éléments fondamentaux nécessaires pour libérer l’expression de chacun. Une « bonne photo », c’est d’abord une photo techniquement réussie. Lors du deuxième trimestre nous passons au post-traitement de l’image, notamment via la découverte des logiciels spécialisés, tels que Photoshop. On y apprend notamment que ce n’est en aucun cas le logiciel qui fabrique le cliché, il la transcende, lui donne une couleur déterminée, voilà tout. Enfin, nous apprenons les règles de l’impression, et contrairement à ce que l’on croit, il y a de quoi faire ! Et puis cela représente un aboutissement et confère aux adhérents ce plaisir intime d’être l’artisan de bout en bout de sa création, jusqu’à la tailler dans le papier (là aussi des techniques sont à apprendre, telles que la Marie Louise, la plus connue). C’est un processus créatif exigeant mais aussi extrêmement gratifiant pour le photographe qui accouche de son cliché après une gestation créative. C’est ça la philosophie de l’activité, et c’est aussi ça l’éducation populaire je pense. »

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