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IROKO fête ses 20 ans au Laü

Réduire « Iroko » à des cours de salsa serait bien injuste au regard de son histoire et de tout ce que propose l’association. Fondée il y a près de 25 ans par Javier Pompa, un cubain tombé amoureux des danses afro caribéennes depuis ses 10 ans, Iroko fût la première association créée à Cuba sous le régime de la loi française (loi 1901). Historien de formation passionné par la culture de son pays, Javier fût nommé au sortir de son cursus universitaire comme représentant culturel du ministère de l’enseignement supérieur cubain, à l’heure où le pays s’ouvrait un peu plus sur le monde suite à l’effondrement du bloc soviétique. Un poste qui lui valut de voyager et séjourner dans diverses capitales européennes et ainsi évoluer à la croisée des mondes, des regards, des arts et des cultures. Une vie métissée, à l’image des danses afro caribéennes, que le danseur cultive depuis et sur lequel s’est construit Iroko entre l’ici et l’ailleurs. A l’origine dédiée aux voyages culturels vers Cuba (qu’elle continue de proposer chaque année), Iroko a depuis largement étoffé son panel de propositions, avec toujours en ligne de mire la découverte et le rapprochement culturels entre la France et le pays de la Havane. Les cours et stages de Salsa sont la porte d’entrée, mais bien d’autres propositions attendent celui qui la pousse. Soirées salsa thématiques tous les mois, repas partagés, visionnage de films, visite d’expositions (sculpture, peinture), rencontres avec des artistes, participation à un véritable spectacle en fin d’année, les propositions fusent… Mais c’est surtout la rencontre qui reste le maître mot de l’association. Entre les cultures bien entendu mais aussi entre les gens, dont beaucoup ont trouvé au sein d’Iroko une véritable communauté aussi vivante que soudée et ouverte sur l’autre. Toujours très fréquentée, l’association comptait quelques 800 adhérents lors de ses années les plus fastes. Une histoire où se croisent des histoires, à l’image du Laü avec qui Iroko partage ses valeurs depuis 20 ans. Un anniversaire que les responsables de l’association vous proposent de célébrer cette année à travers plusieurs rendez-vous de différentes formes… à l’image d’Iroko même et de ses visages multiples, au sens propre comme au figuré.

 

 « L’Iroko », aussi appelé le chêne d’Afrique, c’est le nom d’un arbre sacré au bénin, « l’arbre à palabre » sous les branches duquel on se réunit pour débattre de sujets très sérieux ou au contraire très légers, résoudre des conflits, se marier, conter des histoires ou plus simplement passer du temps à rencontrer d’autres personnes… L’équivalent de l’agora grecque, du forum romain ou de la place béarnaise en somme. C’est aussi le nom que donna Javier Pompa à l’association qu’il fonda il y a 25 ans à Bordeaux et qui depuis 20 ans officie au sein du Laü. A l’origine spécialisée dans l’organisation de voyages culturels vers Cuba dont est originaire Javier, Iroko fut toujours pensée dans l’optique de promouvoir la culture cubaine, ou faudrait-il dire les cultures afro caribéenne tant l’histoire et surtout la culture de ce pays sont marqués par les métissages. « Lors de mes études et plus tard, de mon travail à l’international en tant qu’agent culturel au sein du ministère éponyme de Cuba, j’ai constaté la méconnaissance qui entourait mon pays, victime de représentations erronées ou de clichés. Cuba est une grande île, par sa taille mais aussi par sa culture et son Histoire, à la croisée des histoires. Après la chute du mur de Berlin, l’île s’est peu à peu ouverte sur le monde, mon travail d’alors au sein du ministère de la culture cubain consistait précisément à établir des ponts entre le pays et le vieux continent. Ce que j’ai fait via des partenariats universitaires entre les universités de Bordeaux ou Montpellier par exemple et celle de l’île. C’est dans ce contexte, et avec cette même envie de donner à voir Cuba en profondeur que j’ai créé Iroko. L’idée des premiers voyages organisés était d’ailleurs de proposer un autre regard sur cette île méconnue, donnant autre chose à voir que le rebord d’une piscine d’hôtel ou les cocotiers de cartes postales, des voyages centrés autour de la culture, faits de rencontres humaines, de découvertes artistiques qui donnent un aperçu de l’identité profonde de l’île. Par la suite, même si les voyages continuent, nous avons diversifié les portes par lesquelles découvrir Cuba, notamment avec la danse, qu’il serait réducteur de voir simplement comme une activité de loisir. En plus d’être une activité sociale et éducative, elle est un formidable vecteur de communication, entre les gens bien sûr, c’est un langage universel, mais aussi entre les cultures précisément dont elles sont une profonde expression : les danses afro cubaines sont un miroir, qui donne à voir le métissage et l’histoire des Caraïbes, fortes des influences espagnoles, africaines et franco-haïtiennes étudiées sous l’angle du « son » et du « casino » de Cuba et des expressions corporelles de Jamaïque, Haïti, Colombie, Mexique, Venezuela, Brésil, Nicaragua et République Dominicaine ». Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est à Bordeaux que fût à l’origine fondée l’association. Outre le partenariat que Javier avait établi avec l’université de Montaigne, la ville illustre, bien tristement, un grand pan de l’histoire transatlantique : autrefois port négrier et grand comptoir du commerce triangulaire, c’est sur la traite des noirs que le port s’est grandement enrichi, des esclaves expédiés vers le nouveau monde qui transportèrent avec eux l’héritage des nombreuses cultures et civilisations qui animaient le continent des premiers hommes. A travers la danse, c’est toute cette histoire que l’on retrouve, une histoire à la fois bien douloureuse mais dont est sorti une culture immensément enrichie de tous ces apports, c’est cela qu’Iroko cherche à mettre en lumière.

 

Iroko, un arbre aux branches multiples.

Comme le rappelle Javier, la danse n’est qu’une des portes d’entrée, parmi d’autres, proposées par Iroko pour découvrir la culture dont elle se fait l’ambassadrice. Cours de cuisine cubaine, conférences, projection de films et discussion à la suite, participation à des festivals, stages avec d’illustres compagnies de danses mais aussi visite d’exposition de peintures ou de sculptures sans oublier les voyages culturels organisés chaque année, nombreux sont les vecteurs de découverte. Cela dit, parce qu’elle est très socialisante, elle représente ce qu’Iroko cultive de plus précieux et qui fait la fierté de Javier : les rencontres. « A l’image de cet arbre sous lequel on se rassemble en Afrique, Iroko, tout au long de ses 25 ans d’existence, a permis a bien des gens non seulement de se rencontrer mais aussi de tisser des liens aussi forts que durables dans le temps. A la suite de voyages ou de spectacles clôturant une saison des adhérents, anciens ou toujours présents nous remercient en nous disant qu’Iroko a tout bonnement changé leur vie. Certains se sont même mariés au sein d’Iroko, d’autres ont brisés la solitude qui les tenaillait, ce qui est sûr c’est qu’Iroko est vraiment une grande famille et c’est ce dont on est le plus fier ! La France est un pays riche, mais la solitude touche beaucoup trop de monde. Iroko vous met à l’aise, vous enjoint chaleureusement à rejoindre le groupe et à vivre de vrais moments de partage, c’est ça le plus important ».

Il faut dire que l’association a fait sa place dans le paysage associatif français, à l’heure où Cuba s’ouvrait tout juste au monde. Je dois être un des tout premiers cubains à Pau » confie Javier qui a élu domicile dans la capitale béarnaise en suivant sa femme, française, qui venait enseigner dans la région. Iroko est la toute première association dédiée à la culture et aux danses afro caribéennes en France, ce qui lui vaut en 1999 de recevoir le prestigieux prix  de la Culture décerné par la Ville de Pau. Depuis, beaucoup d’autres associations dispensant des cours de danse des Caraïbes sont nées, dont la plupart ont été créées par d’anciens adhérents d’Iroko, au grand plaisir de Javier : « ces associations sont les fruits de l’arbre Iroko ! elles proviennent des mêmes racines. Ce n’est pas du tout perçu comme une division mais une multiplication de notre identité, notre esprit de partage et notre projet » s’enthousiasme le chorégraphe. Des « anciens » que vous pourrez surement apercevoir lors des rendez-vous célébrant l’anniversaire de l’association au Laü tout au long de la saison

 

Iroko :  20 ans de rencontre et de partage au Laü.

Trois rendez-vous majeurs sont au programme cette année pour cet anniversaire, chacun d’entre eux mettant en lumière l’une des principales propositions de l’association, tous célébrant le plaisir de la rencontre. Décembre mettait à l’honneur les nombreux voyages réalisés via l’association (1500 personnes y ont participé à ce jour) avec une diffusion des diaporamas ou vidéo les plus réussis, hauts en couleur, en témoignage des émotions humaines vécues ! Adhérent de longue date ou petit nouveau de la famille, l’heure était ainsi dédiée à ces souvenirs fédérateurs.

Le 9 mars est proposé un stage de danse afro cubaine, suivi d’une belle soirée dont Iroko a le secret. Ainsi que le rappelle Javier, non sans fierté, Iroko étant une association pionnière dans son domaine, elle a longtemps rayonné dans la région, attirant, lors de ses soirées thématiques notamment, des personnes provenant de Biarritz ou même Bordeaux ou Toulouse. Appelé « déclaration publique d’amour », l’évènement mettra à l’honneur un autre des piliers d’Iroko : les cours de danses, stages et autres rencontres musicales auxquelles ont participé des centaines d’adhérents. Là encore, l’atmosphère sera aux réminiscences puisqu’à l’image du nom choisi pour cette rencontre, les adhérents, qu’ils soient anciens ou plus récents seront invités à prendre la parole et à témoigner de leurs meilleurs souvenirs, vécus, émotions, rencontres réalisés via l’association. Un moment qui s’annonce fort riche en émotions aux vues des nombreuses rencontres qui se sont transformées en mariage ou en nouvelle famille, ou qui ont tout simplement offert aux uns le plaisir de l’autre via cette culture du vivre ensemble.

Enfin la fin de la saison, les 7, 8 et 9 juin, sera dédiée aux nombreux concerts et spectacles proposés par Iroko. Plus précisément, le 7 mettra à l’honneur les adhérents qui ont participé à ces spectacles, en tant que danseurs ou chorégraphes, le 8 sera fera la part belle au groupe cubain : « Septeto Nabori », 7 cubains de Santiago de Cuba (ville où vécut Javier) alors en tournée internationale qui donneront ainsi un grand spectacle. Enfin le 9 remerciera tous les bénévoles qui ont fait tourner l’association et continuent de le faire.

 

Vous l’aurez compris, Iroko c’est un arbre aux racines profondes mais aux branches bien diverses qui, entre l’ici et l’ailleurs, à la croisée des horizons, propose de vivre de réels moment de partage autour de la découverte d’une culture riche de son métissage.

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