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L’HARMO DU LOUP : l’harmonica pour tous et par tous

« L’harmo du loup », c’est l’histoire de trois amis mélomanes, suivant le même cours d’aïkido au Laü, qui décident d’apprendre ensemble l’harmonica non pas en suivant les cours d’un professeur mais en cofondant, en 2009, un atelier au sein duquel ils progresseront ensemble, en « inter-didactes » pour employer un néologisme reflétant cette démarche aux couleurs de l’éducation populaire. Une approche fondée sur l’entraide, la confiance et surtout le plaisir, de progresser et jouer ensemble, qui continue de séduire son public tous les lundis soir. Aujourd’hui co-animé par Patrick MULLER et Bruno BOURDA, deux harmonicistes confirmés formés au sein de l’harmo du loup, l’atelier rassemble ainsi des amateurs de tous niveaux dans une atmosphère conviviale, empreinte du plaisir partagé de jouer de cet instrument ludique et festif avec d’autres mélomanes.

« Je préfère parler d’atelier d’échange plutôt que de cours à proprement parler. Nous animons cet atelier que nous avons nous-mêmes suivis pour apprendre l’harmonica, mais nous ne sommes pas professeurs. Chacun évolue ici à son rythme et la pédagogie est d’abord fondée sur cette dynamique de groupe, explique Patrick. » Ainsi, chaque harmoniciste travaille sur le répertoire musical de son choix, en fonction de ses goûts et ses aspirations, ce qui ne veut pas dire pour autant que les séances ne sont pas structurées et encore moins que chacun joue dans son coin. « Même si c’est d’abord par le blues que l’harmonica est connu, on peut s’essayer à bien des genres différents, je connais même un harmoniciste qui joue du « bal-musette » !

 L’idée de l’atelier est d’encourager chacun à progresser vers ce qu’il aimerait jouer en s’appuyant sur les conseils, explications et démonstrations des autres musiciens pour l’accompagner sur ce chemin, vers cette réalisation personnelle. Ne serait-ce qu’entendre les autres jouer ce qu’ils aiment peut éveiller des envies de s’essayer à d’autres répertoires ou donner un aperçu de ce à quoi on peut parvenir en s’investissant, c’est stimulant. Nous sommes nous-mêmes (avec Bruno, l’autre animateur de l’atelier, NDLR) passés par cet atelier et avons appris ainsi à jouer de l’harmonica, alors que je n’avais personnellement aucune notion de musique quand je débutais. Quand les élèves arrivent à un certain niveau, c’est eux qui nous apportent des ressources, conseils pour améliorer notre jeu, on est dans l’échange. Encore une fois, nous ne sommes pas des professeurs mais des gens qui ont appris ensemble l’harmonica, par le travail et le plaisir de se retrouver, de progresser et de jouer ensemble. »

Cette approche bienveillante, fondée sur l’échange est aussi un moyen d’empêcher le découragement que peuvent éprouver des élèves face à la difficulté de maîtriser l’instrument, en réalisant l’investissement conséquent qu’exige cet objectif. « Pour beaucoup, l’harmonica s’apparente à un « jouet » dont il serait facile de faire le tour, ce qui n’est bien-sûr par le cas. Par exemple, à l’inverse du piano, il y a des notes que l’harmoniciste « fabrique » comme c’est par exemple le cas pour le violon, ici en adaptant son souffle. Ainsi le trou n° 3 sur l’harmonica recèle 4 notes différentes selon le souffle donné, son sens (expiré ou aspiré) et son intensité. On peut bien-sûr expliquer et illustrer la théorie mais chacun doit trouver par lui-même, en s’y essayant, la manière de reproduire ces altérations de notes. Comme tout instrument, cela exige du travail et le passage par des exercices obligés. Nous essayons de les rendre le moins rébarbatifs possible dans cet atelier, en accompagnant chacun, et jouant ensemble et en prodiguant des conseils adaptés. »

Les séances de l’atelier se déroulent en deux séquences. On fait d’abord un tour de table où chacun joue ce qu’il a travaillé chez lui pendant la semaine selon ses envies. Cette étape permet ainsi de constater les progrès de chacun et de les encourager. Les débutants peuvent ainsi recevoir des conseils pour améliorer leur jeu, travailler un point en particulier et développer de nouvelles aptitudes. Constater ces éléments nous permet également de proposer des exercices adaptés à chacun, toujours en fonction de leurs aspirations musicales et, sur un plan plus pratique, des techniques les plus appropriées pour développer leur jeu.

La seconde partie de la séance repose sur ces exercices que nous sommes allés chercher en fonction de la séance précédente. Par exemple nous travaillons beaucoup sur l’oreille. L’un des exercices peut consister à reproduire une note que nous jouons. Il y a aujourd’hui de nombreuses ressources pédagogiques disponibles sur le net (tutos, partitions, méthodes etc…), sur lesquelles nous nous appuyons pour aider chacun dans sa progression. On travaille ainsi les gammes, les enchaînements etc… Pour les débutants, l’un des exercices type sera de jouer clair, propre et en rythme l’une des bases à travailler et à acquérir. On travaille aussi sur des morceaux accessibles, plaisants et gratifiants à jouer, comme des classiques, « all the saints go marching in » par exemple ou des morceaux issus de la pop en général (Daft Punk par exemple). On passera ensuite, au cours de la montée en niveau aux altérations de notes, au travail du souffle puis à des plans de morceaux plus complexes, qu’ils soient complets ou fragmentés (intro, accompagnement, mélodie etc…). 

Cette année nous avons la chance de compter parmi les harmonicistes débutants un guitariste (de niveau professionnel) qui nous gratifie d’accompagnements solides (en rythme notamment) pour travailler l’harmonica. »

Au-delà des séances de leur atelier, les harmonicistes du loup sont invités à se retrouver et à participer à des évènements extérieurs, comme des concerts ou des « Jams sessions » (scènes ouvertes, où tout un chacun peut jouer d’un instrument choisi avec d’autres amateurs, sur des improvisations ou des thèmes musicaux lancés. « Ces moments sont très enrichissants, précise Patrick ! Même s’ils n’ont pas encore les bases suffisantes pour oser se lancer, les débutants qui nous rejoignent, participent à un moment convivial où le plaisir mélomane est partagé par tous, cela crée du lien. Au-delà de cet aspect, ces moments apportent beaucoup pédagogiquement parlant : que l’on y participe directement ou depuis le public, on y apprend bien des choses sur la manière de jouer ou d’améliorer son jeu. Nous nous rendons régulièrement aux Jams organisées par Nico Wayne (un blues man accompli, NDLR), qui nous a déjà plusieurs fois fait le plaisir de participer à certains de nos ateliers. »

Vous l’aurez compris l’harmo du loup, c’est avant tout un apprentissage aussi qualitatif que convivial de l’harmonica, « pour tous et par tous », libre à vous de devenir l’un de leurs partenaires mousquetaires.

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