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SOUTIEN SCOLAIRE : CONTINUITÉ ET RENOUVEAU DE L’ACTION

Alors que les impératifs sanitaires liés à la covid ont contraint la plupart des activités du Laü à suspendre leurs ateliers, l’action jeunesse s’est de son côté non seulement maintenue mais renforcée. En investissant les espaces libérés, comme la grande salle du Forum des Arts et la salle « Les Agapes » et en étoffant ses créneaux horaires, l’action a évolué et grandement gagné en efficacité. Une adaptation bienvenue et à même de répondre aux besoins des jeunes, qu’ils soient verbalisés par ces derniers ou constatés par les équipes éducatives.

 

Une initiative devenue primordiale

« Durant le confinement de novembre, le soutien scolaire était l’une des rares initiatives qu’il nous était possible de poursuivre, se souvient Mathieu Lautier, directeur du Laü. Maintenir cette initiative revêtait donc un aspect primordial pour assurer une continuité avec la jeunesse, d’autant plus que le foyer n’était pas autorisé à ouvrir au début du confinement. De plus la fermeture des collèges et lycées a mis en exergue les profondes inégalités au sein des familles sur les questions de scolarité. Toutes les familles ne disposent pas forcément d’ordinateurs, ou d’adultes à même d’aider leurs enfants dans leurs études. C’est un constat qui s’est aussi illustré au travers de la forte demande des jeunes sur ce point. Auparavant, le soutien scolaire n’était pas un axe central de l’action jeunesse, mais en constatant les besoins et en entendant les demandes des adolescents, nous avons travaillé autour de cet axe et développé la proposition qui rencontre aujourd’hui un franc succès, tant en matière de participation que de retours positifs.

Les activités étant suspendues au Laü, le soutien scolaire a pu investir les salles libérées, ce qui a permis d’améliorer grandement l’initiative, en terme de capacité d’accueil mais aussi de qualité de vie.

 

Nouveaux espaces, nouvelle formule

Lors du premier confinement, à mesure que la demande se renforçait, nous avons imaginé comment accueillir les jeunes sur des créneaux horaires à la fois plus amples et plus fréquents, explique Mélanie, éducatrice au foyer et référente de l’action jeunesse. Nous avons à cet effet pu investir de nouveaux espaces, comme la grande salle du Forum des Arts et des agapes (anciennement cafétéria), son annexe. Loin d’être anecdotique, cette migration a permis de profondément améliorer notre formule. Le Forum des Arts permet en effet de dresser de nombreuses tables de travail pour les élèves et surtout de bien les espacer. Au-delà du respect des règles sanitaires, cette configuration contourne la contrainte sonore. Dans une très grande salle, où les tables sont espacées, les bénévoles peuvent donner des explications sans devoir trop baisser la voix à l’inverse d’une salle classique, où le son monte très vite, même si les échanges restent scolaires, c’est mécanique.

De plus, la salle en soi avec ses hauts plafonds donne un aspect un peu solennel, comme dans une église ou une bibliothèque, ce qui va grandement jouer sur l’attitude des élèves, même inconsciemment. Cela les aide vraiment à se concentrer dès qu’ils passent dans cette salle.

 

A l’inverse, la salle « Les Agapes » joue le rôle d’espace d’accueil, et de « sas » vers la salle d’étude. Les élèves y suivent une routine : on rentre, se lave les mains, va voir le référent de l’équipe éducative pour inscrire sa présence et discuter 2 min de la journée, des devoirs à faire, du moral. C’est aussi une sphère de détente où l’on peut revenir après avoir travaillé, jouer sur des jeux de société.  Les jeunes y retrouvent aussi des adultes qui ne sont ni leurs profs, ni leurs parents (des bénévoles ou membres de notre équipe éducative) avec lesquels ils peuvent échanger sur des sujets plus légers, comme leur bien-être à l’école, les idées d’orientation professionnelle ou scolaire, ou toutes autres questions d’ados. Ce cloisonnement des espaces est très intéressant et permet de matérialiser ce que l’on y fait.

 

Renforcer le dispositif

Nous avons cette année le plaisir d’avoir dans nos équipes une ancienne inscrite au soutien scolaire, Aïcha, qui effectue un stage au Laü dans le cadre de son cursus d’intervention sociale. Elle travaille presque exclusivement sur ce dispositif ce qui nous a permis d’accueillir les jeunes dès 15h, lorsque certains finissent les cours.

« Je suis perçue comme une référente par les jeunes de l’aide aux devoirs explique l’intéressée. Ma présence régulière permet d’assurer une certaine constance, rassurante et familière, au cadre de l’aide aux devoirs. L’idée est de repérer les atouts des différents bénévoles en matière pédagogique tout comme le profil des jeunes et de leurs besoins et de les mettre en relation de la façon la plus appropriée. On aiguille les uns vers les autres. Au-delà, des devoirs à faire, créer les bons binômes implique d’évaluer les caractères et tempérament de chacun ». Depuis quelques mois qu’elle travaille sur cette action, Aïcha perçoit déjà avec satisfaction les fruits de ce travail. « Ce n’est pas quelque chose qui se donne à voir dans l’immédiat, mais plutôt sur le temps long. Par exemple, il y a un groupe des jeunes Irakiens qui vient régulièrement travailler. N’étant pas en France depuis très longtemps, la langue française représente vraiment une difficulté essentielle à maîtriser. Et même s’ils ne s’en rendent pas forcément compte, je constate de mon côté à quel point ils ont progressé en matière d’expression et de rédaction. C’est extrêmement gratifiant et me conforte dans l’idée de faire ce métier. »

 

Apprendre à apprendre

« En renforçant les moyens humains et matériels du soutien scolaire, nous avons aussi affiné la formule en matière prévisionnelle. Là où nous recevions au jour le jour jeunes et bénévoles lorsque nous avons commencé ce soutien scolaire, nous essayons aujourd’hui de rationaliser les présences de chacun tout au long de la semaine précise Mélanie. En connaissant à l’avance les jours de présence des bénévoles, il est plus facile d’aider le jeune à planifier son travail, en fonction des points qu’il doit réviser. Cela l’amène aussi à s’organiser lui-même et à prévoir ce qu’il veut faire.  L’idée c’est de transmettre aux jeunes eux-mêmes des habitudes et réflexes dans leur méthodologie de travail. C’est surement l’un des points les plus importants à assimiler. Au-delà de la compréhension d’une leçon, la préparation d’un contrôle ou l’écriture d’un devoir maison, ce sont ces habitudes de travail qui font la différence et permette au jeune de travailler son autonomie.

 

Jeunes et bénévoles

Avec 41 inscrits en tout, une moyenne de 15 à 20 élèves présents tous les soirs et de 11 bénévoles réguliers (15 en tout), nous sommes vraiment à même d’offrir un suivi de qualité aux ados en demande de soutien. Au-delà de leur nombres, l’une des grandes forces de notre action repose aussi sur la diversité des profils de nos bénévoles. On retrouve tous les âges, motivations ou professions, de professeur à la retraite ou en activité à des anciens du foyer venus aider par sens du bénévolat. Certains cherchent simplement à donner de leur temps et se sentir utile, comme des retraités, d’autres avait formulé une demande plus spécifique au soutien scolaire, car il prépare des concours ou aiment enseigner et transmettre. Des jeunes aussi bénéficiaires du contrat CME (Contrat Municipal Étudiant) obtenu après avoir présenté un dossier qui aide les jeunes avec une bourse de 1000 euros en échange de 40 heures de bénévolat. Cette diversité est vraiment un atout car elle permet de proposer plusieurs approches en fonction des jeunes et de leurs profils.

Avec le temps (certains sont là depuis les débuts du dispositif) une véritable convivialité s’est instaurée entre les bénévoles, qui ont tissé des liens entre eux mais aussi avec les jeunes. Là encore, cela renforce la confiance dans la relation pédagogique et permet d’améliorer en profondeur les habitudes et réflexes de travail, toujours dans une perspective d’autonomie.

 

Des principes premiers inchangés

Si l’ouverture à de nouveaux espaces a permis à l’action d’améliorer sensiblement certains aspects, les principes majeurs du soutien scolaire restent cependant inchangés, à l’image de l’accessibilité. « Le tarif est toujours de 5 euros à l’année précise Mélanie, afin de n’exclure personne, c’est très important. Nous tenons aussi à maintenir un espace à faible contrainte. Il n’y a pas d’obligation de présence horaire ou journalière, on ne vient pas au soutien si on n’en n’a pas envie. Cela permet d’une part de rassurer des élèves qui sont curieux d’essayer mais ont peur de l’engagement et surtout enseigne l’autonomie. C’est une formule qui marche bien : certains élèves ne viennent que ponctuellement, pour la préparation d’un contrôle par exemple, mais la plupart répondent régulièrement présent.

Enfin, je précise que nous restons en lien avec des collèges fréquentés par les inscrits, comme Saint Maur, Jeanne d’Albret ou Marguerite de Navarre. Cela permet de comprendre les méthodologies de chacun ou objectifs visés et permet de rester en accord avec ces derniers.

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