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L’album de Noel : une indémodable tradition américaine

Quel est le point commun entre Franck Sinatra, Bing Crosby, Barbara Streisand ou Snoop Doggy dog ? Tous ont sorti un album de Noël, à l’instar de nombreux autres musiciens américains désireux d’exprimer leur affection religieuse ou culturelle ou plus pragmatiquement de booster leurs ventes et monter leurs classements dans les charts. Véritable institution de la musique outre atlantique, l’album de noël apparait en effet comme un incontournable, tant il rime avec succès commercial. Une tradition qui traverse les différentes époques depuis le début du XXième siècle avec une constance surprenante : des crooners aux rockeurs rebelles des 60’s, en passant par les jazzmen ou les rappeurs, tous les plus célèbres des artistes ont succombé à cette tentation et teinté leur musique de rouge, vert et blanc en multipliant les références aux personnages de cet imaginaire, comme santa klaus, rudolph ou les lutins. Bob Dylan lui-même, pourtant apprécié pour ses idées anticonformistes, a composé une série de créations pour fêter la nativité.

 

 

Nombreuses ont été les prédictions annonçant la fin d’une mode passagère à propos des albums de Noel, notamment lors des changements d’époque et de styles musicaux cherchant à renverser les codes établis. Des augures à chaque fois démentis par la réalité des faits : même les rockeurs des années 50 qui choquaient les familles conservatrices ont rapidement cédé à la tentation et vendu par palette leurs titres, chantant la « chaleur hivernale ». Nous pourrions aussi prendre pour exemple les Beach boys, associés dans les imaginaires au soleil estival californien, mais dont on retrouvait de nombreux disques de noel aux pieds des sapins

 

 

Rebelote dans la décennie suivante: Donna Summer troque les stroboscopes des dancefloors disco contre les guirlandes de Noël avec Winter Melody dès les premiers mois de gloire, imitée quelques années plus tard par Boney M (certes jamaïco-antillais et non pas américains) qui va rencontrer un succès impressionnant avec son Christmas Album, pourtant loin des standards du groupe.

Avec les années 1980, de nouveaux courants musicaux surgissent. Et de tous côtés les singles et albums de Noël fleurissent.  Une tradition américaine repérée de l’autre côté de l’atlantique, notamment par les artistes britaniques à l’instar de Wham ! avec son single single Last Christmas (dont le clip a été tourné à Saas-Fee) qui s’envola au plus haut dans les charts américains. Un succès qui fit des émules, comme l’initiative Band Aid qui réunit des artistes anglo-saxons avec de nombreux artistes américains (Don Henley des Eagles, Brian Wilson des Beach Boys, Robert Bell de Kool & The Gang,…) qui choisit une chanson de Noël pour collecter des fonds pour les victimes de la famine en Ethiopie avec Do they know it’s Christmas.

 

Loin de s’éteindre à la fin du XXième siècle, les albums de noël se voient cuisinés à toutes les sauces musicales : avec même un carton monumental pour Mariah Carey quand elle publie son album Merry Christmas avec le tube All I want for Christmas is you. Le titre devient la chanson de Noël la plus vendue par une interprète féminine. Dans un autre registre, Snoop Dogg, l’un des rappeurs les plus célèbres de la planète, à l’univers pourtant très éloigné de la bienveillance des fêtes, apparaît comme l’un des interprètes les plus prolifiques de la discipline entre Twas the Night before, Christmas in the Hood ou Santa Claus is coming to the Ghetto, cette légende du hip-hop renouvelle le genre, de même que Flo Rida qui dégaine un duo avec Trey Songz, revisitant Jingle Bells. Quant au pionnier du genre Kurtis Blow, depuis qu’il s’est lancé dans le hip-hop chrétien suite à un regain de spiritualité, il a publié plusieurs titres et albums liés à la Nativité, qui font suite à son Christmas Rapping paru dès 1980).

 Parmi la très longue liste des albums de noël, lesquels se sont le mieux vendus ? En la matière, le king porte bien son nom : King Elvis Presley a vendu plus de 10 millions d’exemplaires de son Christmas Album publié le 15 octobre 1957. Avec cet album, le natif de Tupelo a réussi l’exploit de placer pas moins de cinq singles à la place de n°1 (Blue Christmas, Silent Night, White Christmas, Santa Claus is back in town, I’ll be home for Christmas) et cinq autres au 3e rang des ventes de singles. Réédité à plusieurs reprises, Elvis’ Christmas Album aurait même dépassé les 20 millions d’unités vendues à travers le monde.

La deuxième place de ce podium est occupée par un album de jazz : Kenny G’s Miracles, sorti en 1994, est l’un des plus grands succès discographiques du célèbre saxophoniste Kenny Gorelick (alias Kenny G). Sur le marché américain, il s’est écoulé à 7,37 millions d’unités, et aurait atteint les 13 millions au total dans le monde, avec un grand nombre de reprises de classiques de Noël (Winter wonderland, White Christmas, Silent Night,…) et une composition personnelle (Miracles).

Pour compléter le podium, deux artistes et trois albums se tiennent autour des six millions d’exemplaires: The Christmas Song par Nat King Cole, et les Mannheim Steamroller avec Mannheim Steamroller Christmas ainsi qu’avec A Fresh Aire Christmas. Si le crooner a connu d’autres très grands succès, les Mannheim Steamroller sont surtout connus pour leurs albums de Noël, le premier paru en 1984 et ayant rencontré un tel succès que le groupe a remis ça quatre ans plus tard avec A Fresh Aire Christmas, qui a à nouveau connu un très grand succès.

 

Une diversité de styles musicaux qui montre encore une fois la force de cette tradition outre atlantique, qui n’est pas prête de disparaître !

 

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