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EXPOSITION DE MOSAÏQUE AU LAÜ : Fenêtre ouverte sur le monde antique

Art antique florissant sous l’empire romain et hérité des Phéniciens dont les marchands sillonnaient la méditerranée, les mosaïques étaient omniprésentes dans les rues et sur les murs des édifices antiques. Aujourd’hui encore, on trouve de nombreux tableaux ayant traversé les âges depuis la Rome antique, sur tout le pourtour méditerranéen et notamment en Tunisie, Turquie et bien-sûr Italie. Le Laü accueille en ce moment une exposition de reproductions de ces vestiges du passés, réalisées par Othman ALLANI un féru d’histoire antique qui prend grand plaisir à reconstituer les célèbres mosaïques pour replonger dans la riche civilisation romaine, dont le rayonnement reste encore aujourd’hui tangible. 

Pongée dans la Rome antique

Aujourd’hui retraité, Othman ALLANI garde un souvenir vivace des premières mosaïques qu’il découvrait dans sa Tunisie natale, encore enfant : « La Tunisie regorge de mosaïques, on en trouve en de nombreux endroits, comme par exemple au musée Bardo, célèbre pour sa collection débordante mais aussi comme dans les ruelles de ces villes chargées d’Histoire à l’image d’Eldjem où se donnent à voir les vestiges du deuxième plus grand colisée au monde, juste après Rome. Je me souviens déambuler dans ces quartiers historiques, encore enfant, fasciné par ces chefs d’œuvres artisanaux et artistiques… Eldjem offre aux curieux de véritables trésors de mosaïques, des tableaux authentiques et de précieux témoignages de la civilisation romaine. Ils sont comme autant de fenêtres ouvertes directement sur le monde antique et sa richesse culturelle ». Ces mosaïques attirent aujourd’hui des artistes de par le monde, dont beaucoup d’américains, qui tout comme Othman s’essayent à la reproduction de cet art « dans son jus », en respectant sa tradition artisanale.

L’héritage artisanal

« La majorité des amateurs de cet art antique utilisent la céramique comme matériau pour travailler leur reproduction, par commodité. Je m’y suis toujours refusé, trouvant le résultat moins éclatant qu’en utilisant de vraies pierres comme je le fais. Il serait quasiment impossible de reproduire avec exactitude la manière authentique de cet artisanat, tel qu’il se pratiquait à Rome. Les mosaïques étaient alors confectionnées à partir d’éclats de marbre exclusivement, dont les esclaves étaient chargés de trier les plus belles pièces tout en les polissant pour que le résultat brille. Sans aller jusque-là, je m’évertue à travailler à partir de pierres. »

Ainsi que l’explique avec une humilité sincère Othman, « nul besoin d’avoir la fibre artistique pour la reproduction de mosaïque, tout est une question de méthode, de patience et de minutie. A partir d’un cadre aux dimensions de la mosaïque que je cherche à reproduire, je colle une photo sur laquelle viendront se greffer les pierres correspondantes dans leur forme et leur couleur aux éclats de marbre de l’original. Cela représente un travail conséquent, à peu près 8 jours, à raison de 5h quotidiennes pour un couvrir un mètre carré. Il est nécessaire d’espacer les temps d’ouvrage, de façon à laisser la colle sécher, et l’esprit « décanter ». Cette façon de réaliser les reproductions de mosaïque en restant au plus près de leur méthode originale, Othman aimerait profondément la transmettre. « J’ai pu le faire auprès de quelques membres du club que je fréquentais à Montpelier, mais pas auprès de jeunes. J’ai conscience que cette pratique n’attire pas forcément les jeunes générations mais c’est là un désir profond que j’entretiens que de transmettre mon savoir-faire aux nouvelles générations ».

Un musée à ouvrir !

C’est avec une humble fierté qu’Othman évoque sa riche collection de reproductions : « plus de 40 tableaux sont conservés à Montpellier où je résidais jusqu’à peu, avant de déménager à Pau. Rajouter à cela quelques 20 pièces ici et là et vous avez de quoi ouvrir un véritable musée ! » s’exclame notre afficionado de l’antiquité. Au- delà de l’esthétique de ces tableaux, dont Othman admire le regard de leurs créateurs originaux, c’est aussi le riche témoignage qu’ils offrent sur la civilisation romaine qui l’attire. « Ces tableaux représentent souvent des scènes du quotidien, comme la chasse, la pêche, l’artisanat… une vie de tous les jours qu’il est fascinant de découvrir et reproduire à travers les siècles. Invité par un client parisien, pour lequel il avait réalisé des reproductions, à découvrir les mosaïques du Sénat et de l’Elysée, Othman garde un souvenir impérissable de cette visite. « Aujourd’hui je serai ravi, c’est un rêve pour moi, de réaliser un grand tableau pour la Mairie de Pau, qui resterait dans ses murs. Cela constituerait un accomplissement et surtout un témoignage de mon travail, partagé avec tous et durable ».

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