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COURS DE BÉARNAIS : pour l’amour de la langue !

Initiés au Laü en 2012 par l’Institut Béarnais et Gascon, les cours de béarnais vous invitent à découvrir ou perfectionner la langue de Gaston Febus et le patrimoine culturel qu’elle porte. Contrairement aux idées reçues, cette langue béarnaise (ou gasconne) se distingue de l’Occitan, sur plusieurs points. Comme nous le rappelle Bernard Coustalat, l’un des deux professeurs de l’activité, l’Occitan est une langue construite « semi-artificiellement » : à l’image de l’Allemand de Luther, de l’Arabe littéraire ou encore du Basque unifié, elle fût établie par des linguistes à partir d’une synthèse des différents patois du sud de la France assez proches dans leur forme sans être exactement similaires pour autant. Pour les militants de l’institut Gascon, à l’inverse du béarnais, non seulement l’Occitanie ne renvoie pas à une réalité historique, qu’elle soit linguistique ou territoriale, mais surtout, elle se traduit par une acculturation de la langue béarnaise et des particularismes qui fondent son identité : une graphie, une syntaxe, une histoire et un patrimoine que les militants essayent de protéger, notamment en l’enseignant, comme c’est le cas au Laü. « Le béarnais, c’est une langue du cœur » clame Bernard, celle qui nous relie à la tradition, à nos ancêtres et notre famille, au sein de laquelle on cultive le plaisir de sa pratique, mais aussi à une histoire et tout un patrimoine. C’est un héritage des plus précieux ».

 

Gascon (ou béarnais) et occitan (ou languedocien)
 

« Chaque année depuis 1967, le festival de Siros met à l’honneur le béarnais et rassemble ses militants. Il a pu rassembler jusqu’à 10 000 amoureux de la langue et culture gasconne. 50 ans plus tard, on peut dire que le gascon est une langue quasiment morte » déplore Bernard, qui rappelle que « pour qu’une langue reste vivante, il faut que 20% au moins d’une population la pratique. Seul 3% des Béarnais connaissent et emploient encore aujourd’hui le gascon, et ce sont des locuteurs âgés dans leur écrasante majorité ». Un constat difficile à établir pour cet amoureux du gascon qui, s’il ne baisse pas les bras, ne cache pas pour autant son pessimisme quant au futur de sa langue.

Si l’engouement que suscitait le festival de la langue gasconne à Siros lors de son « âge d’or » s’est résolument tari, il reste d’irréductibles béarnais pour poursuivre la défense de ce patrimoine, envers et contre tous. En effet, si les langues régionales sont déjà un combat en soi, le « mouvement gascon » est lui-même en opposition avec le  « mouvement occitan », pour plusieurs raisons ainsi exposées : une « Occitanie » dont le territoire est un mythe qui ne renvoie à aucune réalité historique à proprement parler (il n’y a jamais eu de territoire occitan), un emblème, la croix de Toulouse, qui n’a rien à voir avec le blason du Béarn composé des fameuses vaches rouges aux cornes bleues, et une langue, le languedocien (ou occitan) qui diffère du gascon sur la syntaxe, la grammaire (notamment sur les énonciatifs) mais surtout la graphie. Reprenant l’alphabet et la phonétique de la langue française, le gascon fut codifié à la fin du XIXème siècle et s’écrit comme il s’entend, à l’inverse du languedocien, qui emploie sa propre graphie (avec une phonétique différente) et qui fut codifié près de 50 ans plus tard. « Contrairement à l’Occitan, le gascon est une langue ancrée sur un territoire historique, une langue dont on peut tracer l’histoire qui est un mélange de proto basque et de latin, fruit des invasions du sud de la gaule par les armées impériales romaines. 

Certes, les différents patois sur lesquels l’Occitan s’est appuyé lors de son invention sont relativement proches. Un gascon et un languedocien se comprendront dans une conversation, comme avec un catalan d’ailleurs dont le langage est assez proche. Le mouvement occitan actuel, né dans les années 60, veut sauvegarder les différents patois sur lesquels il fut construit mais ce qui est paradoxal, c’est qu’on abandonne dans ce processus d’acculturation tout ce qui fait précisément l’identité de ces patois, dont le gascon, une langue bien réelle elle, et vieille d’un millénaire ! »

 

L’Institut béarnais et gascon : un institut pour que vive la langue gasconne
 

De l’engouement que suscitait le festival de Siros lors de son « âge d’or » il y a aujourd’hui 50 ans, est né, en 2002, la création de l’Institut Béarnais et Gascon, avec l’aide du conseil départemental. Imaginée par l’un des fondateurs du festival qui mobilisa du monde autour de cette cause, cette initiative fut aussi une réponse à la création de l’institut occitan. Ce sont des bénévoles de l’IBG, Jean Marie Puyo et Bernard Coustalat, qui dispensent aujourd’hui les cours de béarnais au Laü. Deux cours sont ainsi proposés, pour les débutants ou ceux qui pratiquent déjà la langue, à raison d’1h30 par semaine.

 

« Les cours reprennent des méthodes pédagogiques issues de l’Education Nationale, explique Bernard. L’une des bénévoles de l’IBG est professeur d’Espagnol à Paris, elle a donc conçu nos ressources pédagogiques en les transférant depuis ses propres cours. Leçon de grammaire, syntaxe et petits exercices permettent d’assimiler les règles de cette langue. Comme tout apprentissage, cela implique un certain investissement pour se perfectionner, mais c’est tout à fait accessible. Les élèves apprécient ces moments qui les font remonter sur les bancs des écoles ! Mais le béarnais était historiquement inscrit dans une culture orale, les ressources écrites sont donc limitées, bien qu’existantes. Elles reposent surtout sur des petites nouvelles. Cela veut aussi dire que nous travaillons beaucoup la conversation, ce qui met en valeur les dynamiques de groupe ! Ici chacun apprend avec les autres et des autres, il y a une vraie solidarité. Je crois surtout que ce qui relie les gens, c’est leur amour de la cette langue. Il y a une forte dimension affective dans le rapport au gascon, c’est la langue que beaucoup entendait autrefois, celle que parlaient leurs grands-parents, celle qui renvoie à la terre de leur ancêtre, des traditions, de l’histoire. C’est tout cela que nous ne voulons transmettre ».

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