{"id":881,"date":"2018-12-19T18:21:36","date_gmt":"2018-12-19T17:21:36","guid":{"rendered":"http:\/\/www.mjcdulau.fr\/?p=881"},"modified":"2019-12-12T10:17:53","modified_gmt":"2019-12-12T09:17:53","slug":"quels-cadeaux-offrirons-nous-a-noel","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.mjcdulau.fr\/2018-12\/quels-cadeaux-offrirons-nous-a-noel\/","title":{"rendered":"Quels cadeaux offrirons-nous \u00e0 No\u00ebl ?"},"content":{"rendered":"

Bien que r\u00e9appropri\u00e9e par l\u2019Eglise dans l\u2019id\u00e9e de christianiser les f\u00eates pa\u00efennes, la nuit de No\u00ebl trouve ses racines bien plus en amont dans l\u2019histoire. D\u00e9j\u00e0 dans la Rome antique on c\u00e9l\u00e9brait le passage d\u2019une ann\u00e9e \u00e0 l\u2019autre, et l\u2019\u00e9ternel cycle des saisons \u00e0 travers la figure du soleil renaissant \u00ab\u00a0Sol invictus\u00a0\u00bb, lors des \u00ab\u00a0Saturnales\u00a0\u00bb, des festivit\u00e9s s\u2019\u00e9talant sur douze jours (du 25 d\u00e9cembre au 6 janvier). Durant cette p\u00e9riode, les barri\u00e8res sociales disparaissaient ou du moins \u00e9taient renvers\u00e9es (selon un principe carnavalesque). Les maisonn\u00e9es se voyaient orn\u00e9es de houx, gui et lierre et r\u00e9sonnaient des copieux banquets nocturnes qui y \u00e9taient dress\u00e9s. On s\u2019\u00e9changeait alors des cadeaux et offraient des figurines aux enfants. Loin d\u2019\u00eatre exclusives \u00e0 la culture romaine ces festivit\u00e9s trouvaient leur \u00e9quivalent dans les cultures \u00ab\u00a0barbares\u00a0\u00bb de toute l\u2019Europe\u00a0: chez les Celtes, Germains, Slaves\u2026 C\u2019est par souci de christianiser ces c\u00e9l\u00e9brations \u00ab\u00a0h\u00e9r\u00e9tiques\u00a0\u00bb que l\u2019Eglise a fait du 25 D\u00e9cembre le jour de c\u00e9l\u00e9bration de la nativit\u00e9, d\u00e9j\u00e0 pr\u00e9sente dans l\u2019h\u00e9ritage pa\u00efen. Une date qui s\u2019\u00e9tendra progressivement \u00e0 tout l\u2019Occident latin et jusqu\u2019au monde entier aujourd\u2019hui, en m\u00e9langeant tradition universelle et locale, selon les endroits et cultures.<\/p>\n

Aujourd\u2019hui No\u00ebl s\u2019est fortement s\u00e9cularis\u00e9 et n\u2019est plus forc\u00e9ment per\u00e7ue ni c\u00e9l\u00e9br\u00e9e comme une f\u00eate religieuse. Elle ne r\u00e9unit pas exclusivement la communaut\u00e9 chr\u00e9tienne mais un grand nombre de familles d\u2019origines diverses autour d\u2019un repas chaleureux impr\u00e9gn\u00e9 du bonheur de partager avec ceux qui nous sont proches. Si No\u00ebl a progressivement d\u00e9laiss\u00e9 son manteau religieux pour rev\u00eatir celui, plus la\u00efque, de l\u2019universalit\u00e9, les valeurs qu\u2019on honore et c\u00e9l\u00e8bre lors de ce jour d\u2019expression collective intense ont quant \u00e0 elles perdur\u00e9. C\u2019est d\u2019abord la nativit\u00e9 et \u00e0 travers elle la famille- cristallis\u00e9e autour de la figure de l\u2019enfant, autour de laquelle on se r\u00e9unit et s\u2019\u00e9change des cadeaux, symboles des liens affectifs avec les proches. Charles Dickens<\/strong> dans sa nouvelle \u00ab\u00a0Christmas Carol<\/em>\u00a0\u00bb publi\u00e9e en 1843 d\u00e9peint ainsi la famille Cratchit, dont les membres \u00absont\u00a0pauvres, n\u2019ont rien de remarquable, mais sont heureux d\u2019\u00eatre ensemble\u00a0\u00bb.<\/p>\n

Au-del\u00e0 des valeurs li\u00e9es \u00e0 la famille, No\u00ebl v\u00e9hicule aussi ces principes par lesquels l\u2019Homme se rapproche de son humanit\u00e9 en s\u2019\u00e9loignant de son animalit\u00e9: la solidarit\u00e9, la fraternit\u00e9, la sinc\u00e8re empathie \u00e9prouv\u00e9e envers ces \u00ab\u00a0autres moi\u00a0\u00bb que sont tout simplement les autres…Nombreuses sont les occurrences historiques o\u00f9 se donna \u00e0 voir l’expression de ces hautes valeurs humaines, mais certaines ont particuli\u00e8rement marqu\u00e9 les m\u00e9moires de leur force d’\u00e9vocation.\u00a0 A l\u2019image de ces soldats Britanniques, Fran\u00e7ais, Belges et Allemands qui en 1914, en pleine bataille de Verdun, au milieu des tranch\u00e9es jonch\u00e9es des corps de leurs fr\u00e8res d\u2019armes, au c\u0153ur de la bataille la plus sanglante de l\u2019Histoire, d\u00e9cid\u00e8rent de se r\u00e9unir un soir de No\u00ebl pour et retrouver le temps de cette tr\u00eave impromptue, une humanit\u00e9 dont la plupart avait oubli\u00e9 le visage, mutil\u00e9 par l\u2019absurde horreur de ce conflit. Une fraternisation spontan\u00e9e qui se donna \u00e0 voir en de multiples endroits du front, telles des fulgurances d’humanit\u00e9 per\u00e7ant ce voile de mort et de barbarie.<\/p>\n

Mais No\u00ebl c\u2019est aussi cette grande messe du consum\u00e9risme, o\u00f9 les valeurs h\u00e9rit\u00e9es de la tradition deviennent des slogans publicitaires, o\u00f9 l\u2019on se \u00ab\u00a0goinfre\u00a0\u00bb en gaspillant \u00e9norm\u00e9ment de denr\u00e9es et en polluant all\u00e9grement, quasiment somm\u00e9, sous peine d\u2019ostracisme social, d\u2019acheter en masse en pr\u00e9vision de cette journ\u00e9e qui souvent concentre les plus gros b\u00e9n\u00e9fices des commerces sur l\u2019ann\u00e9e enti\u00e8re. Une instrumentalisation des traditions et des valeurs humanistes pourtant aux antipodes de l\u2019individualisme pr\u00f4n\u00e9 par les soci\u00e9t\u00e9s modernes, qui frise clairement l\u2019ind\u00e9cence en de cette p\u00e9riode o\u00f9 l’injustice sociale se donne particuli\u00e8rement \u00e0 voir. C\u2019est un fait \u00e0 la fois connu et parlant\u00a0: les couleurs rouge et blanche de la robe du P\u00e8re No\u00ebl sont directement h\u00e9rit\u00e9es d\u2019une campagne de pub lanc\u00e9e par la plus c\u00e9l\u00e8bre marque de Soda afin pr\u00e9cis\u00e9ment de r\u00e9cup\u00e9rer \u00e0 son compte l\u2019engouement consommateur de la p\u00e9riode.<\/p>\n

Alors offrir des cadeaux \u00e0 No\u00ebl, est-ce une contribution au consum\u00e9risme ambiant ou une c\u00e9l\u00e9bration des valeurs humanistes mill\u00e9naires transport\u00e9e par la Tradition\u00a0?<\/p>\n

\u00a0\u00ab\u00a0La plus grande joie, c\u2019est encore celle de donner et ceux qui l\u2019ignorent ont tout \u00e0 apprendre de la vie\u00a0\u00bb confiait l\u2019\u00e9crivain Georges Duhamel. Un message qu\u2019on pourrait qualifier d\u2019ang\u00e9lique ou de na\u00eff s\u2019il ne recelait pas l\u2019une des v\u00e9rit\u00e9s les plus universelles, de celles qui conf\u00e8rent \u00e0 l\u2019Homme son Humanit\u00e9. Car c\u2019est bien par l\u2019autre que l\u2019homme fit soci\u00e9t\u00e9 et parvint \u00e0 \u00e9laborer tous ces principes de justice, d\u2019\u00e9galit\u00e9, de fraternit\u00e9 qui t\u00e9moignent que c\u2019est bien la relation \u00e0 l\u2019autre qui reste notre ressources la plus pr\u00e9cieuse. Bonne nouvelle, non seulement cette ressource est in\u00e9puisable, mais plus on y puise, plus elle s\u2019\u00e9tend, gagne en consistance, en intensit\u00e9. Et c\u2019est bien de cela qu\u2019\u00e9mane la fameuse \u00ab\u00a0magie\u00a0\u00bb de No\u00ebl, de cette propension et ce d\u00e9sir de c\u00e9l\u00e9brer avec l\u2019autre le bonheur d\u2019\u00eatre en relation. Les cadeaux n\u2019en sont qu\u2019une expression, une mat\u00e9rialisation voire un hommage, mais le r\u00e9el pr\u00e9sent r\u00e9side fondamentalement dans la relation \u00e0 l\u2019autre.<\/p>\n

En somme la f\u00eate de No\u00ebl ressemble d\u2019abord \u00e0 ce que l\u2019on en fait. On peut y c\u00e9l\u00e9brer le plaisir d\u2019\u00eatre avec l\u2019autre, d\u2019offrir, de fraterniser, comme le donne \u00e0 voir les milliers d\u2019initiatives citoyennes et solidaires construites \u00e0 l\u2019occasion, ou sur un temps plus continu, l\u2019esprit associatif sur lequel les individus construisent les actions du faire et vivre ensemble. Alors le 25 D\u00e9cembre, offrez vous d\u2019abord le plus pr\u00e9cieux des cadeaux\u00a0: celui de donner.<\/p>\n

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