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LA LIBRE PENSÉE 64 : « Douter, chercher, comprendre »

Présente au Laü depuis plusieurs années déjà, la Libre Pensée 64 réunit régulièrement ses membres militants autour des principes hérités des Lumières et du principe républicain de laïcité. C’est avant tout la liberté de conscience qui est ici défendue et avec elle ses corollaires : le respect strict de la loi de séparation des églises et de l’état (1905), le développement de l’esprit critique et l’affranchissement de tout dogmatisme. Réunis autour de principes émancipateurs comme la raison, l’échange d’opinion, mais aussi le doute, la remise en question et la culture de convictions, ses adhérents « frottent et liment leurs cervelles à celle d’autrui » pour reprendre les mots de Montaigne, nourrissant ainsi les esprits de tous. Françoise MICHEL, fondatrice de « la Libre Pensée 64 », nous explique les principes de leurs actions.

« J’ai personnellement grandi au sein d’un famille très catholique, confie Françoise, un héritage religieux qui pesait beaucoup sur moi et dont j’ai personnellement pu m’affranchir grâce à la liberté de pensée, ce fut une véritable bouffée d’oxygène. »

Bien qu’on l’associe beaucoup à la notion de laïcité qu’elle défend fondamentalement, la Libre Pensée trouve ses origines bien en amont dans l’histoire ainsi que nous le rappelle Wikipédia : « La notion de libre-pensée, apparue pour la première fois dans un discours de Victor Hugo datant de 1850, désigne un mode de pensée et d’action débarrassé des postulats religieux, philosophiques, idéologiques ou politiques, mais se fierait principalement aux propres expériences existentielles du libre-penseur, à la logique et à la raison (rationalisme, empirisme pour se faire une opinion, doute pour éviter tout dogme). »

Le libre penseur, celui dont la liberté renvoie à l’émancipation et l’affranchissement des certitudes, dogmatismes ou croyances diverses. Il est avant tout question ici de raisonnement.

« Respecter la liberté de conscience et libérer l’esprit des dogmatismes (quelle que soit leur nature) constitue selon moi la première des conditions, sine qua non, à l’égalité et à la liberté de tous. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne suffit pas de clamer haut et fort l’adhésion à ces principes fondamentaux pour les appliquer… Cela demande un véritable travail, de remise en question, de doute, d’ouverture d’esprit aussi pour y parvenir. C’est une posture philosophique (de celle qui ne restent pas que théorique, il faut la mettre en application !) que l’on adopte au fur et mesure qu’on l’exerce. Cela ne signifie pas que l’on ne peut pas avoir de conviction, simplement qu’elles ne doivent être au-dessus d’un examen critique. Comme l’écrivit le libre penseur Jean Rostand : « Avoir l’esprit ouvert n’est pas l’avoir béant à toutes les sottises ! ». Pour illustrer cet exemple, je précise que, si nous partageons évidemment les statuts de la fédération nationale de Libre Pensée, il n’en va de même pour toutes leurs prises de positions, avec lesquelles nous ne sommes pas toujours d’accord.

Forte de 34 adhérents, un nombre que Françoise aimerait voir grandir, la Libre Pensée 64 rassemble cependant une belle diversité de membres (âge, provenance, métiers exercés…), qui n’hésitent pas à braver les kilomètres pour se rendre aux réunions mensuelles tous les deuxièmes jeudis du mois. On y organise ponctuellement des évènements publics destinés à porter des réflexions au cœur de l’opinion et ainsi inviter à la réflexion. Ce fût récemment le cas avec la Rencontre du L sur le thème de l’euthanasie en France, qui a rencontré un beau succès en faisant salle comble. « Ce sujet illustre très bien les enjeux de société que nous portons à réflexion : une large majorité de français est pour l’euthanasie et pourtant on constate une stagnation politique sur la question, dont on sait qu’elle est en partie due à la pression des religieux, pourtant largement minoritaires en terme de représentation sur la population ».

Au-delà de l’organisation d’évènements, les adhérents de LP64 réfléchissent ensemble à des sujets de sociétés en s’efforçant de mener ce débat à l’aulne des principes de « doute, de raison et d’ouverture d’esprit » qui fondent leur posture philosophique. « Nous abordons des sujets très variés, souvent en lien avec des questions de société. Nous réfléchissions récemment sur les réseaux sociaux et les comportements qu’ils induisent chez leurs utilisateurs. Par exemple le recul critique est souvent absent de la lecture d’une information. Si elle est écrite, c’est qu’elle est vraie. Non seulement cela véhicule des mensonges, mais surtout cela installe l’internaute dans une posture où il n’y a aucun philtre de raison entre le regard, l’esprit et l’information… »

C’est sur la base du volontariat qu’un adhérent se propose de pré-étudier un sujet pour le présenter à ses collègues lors d’un prochain rendez-vous. Le dernier en date portait sur la question des enfants d’immigrés à travers la « scolarisation des élèves étrangers, d’hier à aujourd’hui. L’accueil d’un élève allophone à l’école pose-t-il encore problème ? ».

La Libre Pensée 64 est ouverte à tous les publics, quel que soit leur âge. C’est avant tout la curiosité, l’envie d’émanciper son esprit et le plaisir d’aiguiser sa pensée et sa critique grâce aux échanges et aux croisements de regard qui font sens ici. Il est tout à fait possible de venir assister gratuitement à une séance pour rencontrer ses libres-penseurs et se faire une idée de la convivialité qui y règne.

Il ne tient qu’à vous de pousser la porte de la Libre Pensée 64 pour émanciper, développer et enrichir votre propre pensée.

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