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LE LAÜ MOBILISE POUR SA RENTRÉE

L’année 2020 restera résolument « à part » dans les mémoires tant la crise sanitaire a bouleversé nos quotidiens. Une année qu’on aurait dite mise entre parenthèses, où le cours du temps s’est vu suspendu pour beaucoup d’activités, qu’elles soient professionnelles, récréatives ou sociales. D’un autre côté le confinement fût aussi une période propice à l’introspection et source de nouvelles réflexions, maturations, ou inspirations qui amenèrent beaucoup d’acteurs à réinventer leur mode d’action. « Nécessité fait loi » dit l’adage, donnant ainsi à voir la grande résilience et capacité d’adaptation de nos concitoyens mais aussi les fortes solidarités qui irriguent notre tissu social.

Ainsi si la crise a mis en lumière de nombreuses failles au sein des protocoles régissant le pays, elle a aussi été source de concertations, solidarités nouvelles et surtout d’une conscientisation générale de l’importance de la vie sociale, c’est-à-dire du besoin de vivre et faire ensemble sur lequel se construit l’ensemble du monde associatif notamment

Dans cette période de déconfinement mais aussi de fin d’année, la communauté associative du Laü doit surmonter plusieurs défis, posés et à venir, qui préfigurent aussi les enjeux de la rentrée de septembre. Mathieu Lautier, directeur de notre structure revient avec nous sur la situation.

 

Les défis de la reprise

« 2020 constitue pour le Laü une année arrêtée à sa moitié, de façon très subite. Il nous a alors fallu réagir très vite puis « gérer le vide » de cette période confinée. A l’heure du déconfinement, nous reprenons l’activité mais avec l’idée de conclure l’année, une conclusion qui se veut aussi une expérimentation et une préparation, le préambule de la rentrée de septembre, notamment en ce qui concerne l’aménagement et réagencement des espaces d’activités et les nouveaux protocoles sanitaires qui accompagneront cette reprise.

La priorité absolue reste bien sûr d’assurer la sécurité personnes, des acteurs associatifs et de nos employés (notamment au niveau sanitaire), mais dans le même temps, nous devons tout mettre en œuvre pour offrir au maximum d’activités la possibilité de redémarrer leurs ateliers malgré tout, tout en respectant les contraintes nécessaires. Cela demande inventivité et adaptation, mais dynamise aussi les initiatives.

Ce fut par exemple le cas avec l’aménagement de notre fronton donnant sur l’avenue du loup, que l’on recouvert d’un tapis aux espaces individuels délimités. Un aménagement qui a permis aux activités en salles d’exporter leur cours à l’extérieur pour se mettre en conformité avec loi tout en rassurant les pratiquants les plus craintifs à l’idée de rejoindre une activité sociale, quand bien même elle leur manquerait. Car la dimension psychologique du confinement et des traces qu’il a laissées dans les esprits ne doit pas être négligée : il faut non seulement la considérer mais surtout y répondre avec une juste mesure. En effet, le contexte inédit de l’épidémie a engendré du stress, de la peur et de la culpabilité dont l’inertie persiste encore aujourd’hui, comme une séquelle de ce vécu.

Il nous faut donc « déconfiner les esprits » c’est-à-dire prendre en compte la dimension anxiogène des dispositifs sanitaires mis en place, notamment sur leur aspect intrusifs et « intimidants ». Entre cette considération et notre devoir de mise en sécurité des publics, nous devons donc trouver le juste milieu dans l’aménagement des espaces. De plus, les gens montrent différentes sensibilités face à l’appréhension de la situation générale, il s’avère donc impossible de répondre pleinement à l’ensemble d’entre elles. Là encore le défi de la rentrée résidera dans la résilience et l’adaptation intelligente de nos protocoles aux nouveaux impératifs ce qui passera par un ajustement de ces derniers au fil de l’évolution du contexte sanitaire, législatif et psychologique. 

Car l’une des plus grandes difficultés qu’il nous faut aujourd’hui surmonter est de mettre en place des actions futures sans pour autant avoir de visibilité sur cet avenir proche. C’est une situation assez inconfortable pour nous, il nous faut émettre des hypothèses (sur la fréquentation, la teneur des règles sanitaires à venir), et éliminer ou ajuster ces hypothèses en fonction de l’évolution du contexte législatif, sanitaire, démographique (fréquentation de notre structure) et psychologique.

 

Solidarité et mobilisation des acteurs associatifs

Aujourd’hui, à quelques exceptions près, je ne constate pas de démobilisation des bénévoles, alors même que certains, au vu de leur âge, sont considérés comme population à risque, c’est même l’inverse. Avec le confinement et l’arrêt de toutes les activités sociales, beaucoup d’acteurs associatifs ont pu mesurer l’importance que revêt pour eux leur activité, tout comme leur attachement aux personnes qui la pratiquent avec eux. Ils nous font part de leurs inquiétudes à l’égard des réglementations à venir et de la possibilité de maintenir leur activité. C’est notre travail de les accompagner dans ces épreuves et leur permettre de poursuivre leur engagement.

Avec un monde associatif actuellement en souffrance, due aux grandes difficultés qui le touchent de plein fouet aujourd’hui, il nous faut aussi nous serrer les coudes, accompagner les associations les plus en difficultés et capitaliser sur la mobilisation de leurs forces que nous avons vu à l’œuvre dans cette période. La rentrée se fera donc sous le signe de la mobilisation, des bénévoles, employés, acteurs, partenaires et financeurs du Laü.

 

Secteur jeunesse : adaptation, concertation, harmonisation

Notre foyer fonde son action jeunesse sur un principe de « faible niveau de contrainte » pour ce qui est de l’accès au lieu ou aux activités proposées. Cela est bien sûr réfléchi pour permettre aux profils les plus « volatiles », les plus méfiants à l’égard de l’administration ou de l’institutionnel, c’est-à-dire souvent les jeunes les plus en difficulté, d’accéder à notre foyer et ainsi bénéficier des actions pédagogiques et éducatives de nos animateurs. Ce mode d’accueil ouvert est incompatible dans sa forme avec les impératifs sanitaires et les réglementations très strictes qui en découlent. Raison pour laquelle nous avons opté (en concertation avec la ville de Pau) pour déplacer notre action jeunesse vers l’extérieur du foyer où les contraintes sont bien plus souples qu’en intérieur. Cela permet à notre action éducative de poursuivre son travail tout en garantissant la sécurité de tous.

De manière générale, nous avons constaté une véritable union des forces associatives locales pour faire face ensemble aux difficultés issues du contexte sanitaire. Un front commun qui préfigure des perspectives prometteuses si nous parvenions à pérenniser ce dialogue et ce travail en collectif. L’un des enjeux de la rentrée sera donc de capitaliser sur ces bonnes choses intervenues pendant le confinement, comme cette présence offensive et constructive de notre environnement institutionnel (partenaires associatifs et financeurs publics) qui a vu émerger la mise en place de solides démarches collectives et concertées de co-construction. Par exemple, l’élaboration de notre action pendant l’été a été élaborée en partie au sein d’un groupe de travail dédié avec des représentants de l’union locale des M.J.C. de façon à proposer des programmes harmonisés les uns avec les autres.

Durant les vacances d’été, il a été décidé de maintenir nos activités jeunesse, avec notamment une présence exceptionnelle des animateurs en août. Mais là encore, c’est un pari que fait la M.J.C., sur la présence des jeunes sur cette période (habituellement elle est très faible avec les départs en vacances), mais qui a des conséquences, notamment sur la rentrée, période qu’on sait très importante, et qui verra cette année la présence des animateurs être allégée en raison de leur mobilisation en août.

 

Demain n’est pas loin

En somme, 2020 marquera une année de difficultés et d’adversité pour de nombreux acteurs du pays, et en particulier pour le secteur culturel. Mais au-delà des épreuves qu’elle nous impose, cette adversité peut aussi se muer en source d’inspiration et devenir ainsi aussi fructueuse qu’elle est handicapante. Septembre marquera pour la communauté du Laü un véritable défi à surmonter mais aussi l’occasion de mettre en œuvre le sens de notre projet commun, collectivement, solidairement, « associativement ». Alors à bientôt, au Laü bien sûr ! »

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