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SOIF DE CULTURE ? Prenez une pilule Pau éthique !

Un fil à linge sur lequel sont étendus les mots de la colère, l’incompréhension et la détresse des acteurs culturels en France. La voix d’une enfant expliquant ce que représente pour elle la culture, et ce qu’elle lui apporte d’essentiel. Des danseurs émergeant de l’envers des murs, et exprimant le temps d’une courte improvisation, les douloureux ressentiments que nourrit une culture à l’arrêt, figée dans son expression.

 Le décor est planté, un décor mouvant ou plutôt itinérant, que l’on retrouvera ces prochains jours en divers lieux palois où la culture se donne d’ordinaire à voir, dans toute la diversité de ses expressions et de ses acteurs. Intitulée « Pilule d’immunité Pau éthique », cette performance artistique et militante a été imaginée par deux amies qui vivent pour la danse : Sophie GAMBA LAUTIER et la compagnie Dju Dju (présente au Laü) et Laurence BERNATAS de l’école de danse « Le Labo ».

 

Ouverture des supermarchés, fermeture des lieux culturels : une pilule difficile à avaler

« Mettre en scène, avec nos corps, la culture aujourd’hui muselée et la douleur de cette privation » c’est l’objet de cette initiative, explique Sophie. Depuis un an, nous vivons suspendues aux évolutions des règles et impératifs sanitaires qui impactent directement notre cœur de métier et notre passion, un ballotement et une incertitude très difficile à vivre en tant qu’acteur culturel. Nous comprenons évidemment la difficulté du contexte actuel, notamment en terme de prévisibilité, mais il y a des non-sens qui relèvent de l’absurde et génèrent une frustration légitime. D’un côté les supermarchés – lieux fermés -, accueillent tous les jours une foule de gens, de l’autre on ferme les théâtres, salles de danse ou cinémas. C’est non seulement injuste, mais surtout inexplicable. Depuis un an, je vois les professeurs de danses, de musique, de théâtre redoubler d’ingéniosité et de créativité pour assurer une continuité de leur activité dans ce contexte mouvant en permanence. Ces acteurs font preuve d’une capacité d’adaptation remarquable et d’un engagement à toute épreuve. Et c’est à ces personnes qu’on explique qu’elles ne sont pas capables d’être responsables, en mettant en œuvre des protocoles sanitaires protégeant le public. C’est incohérent et infantilisant.

 

Montrer la culture dans la diversité de ces acteurs et de ses lieux de diffusion.

On l’aura noté, les « pilules  d’immunité Pau éthique » imaginées par Sophie et Laurence ne sont pas sans rappeler d’autres initiatives militantes paloises, comme l’occupation du Zénith, Espaces Pluriels ou du Méliès par des acteurs culturels locaux. Si les danseuses partagent une partie des revendications de ces actions, notamment l’accès à la culture, elles s’en démarquent également sur quelques aspects : « les occupants de ces lieux ont des revendications qui touchent à une forme de corporatisme de leur métier. Ils sont en situation de détresse et je les comprends, mais ce que nous voulions mettre en valeur avec notre parcours, c’est que la culture n’est pas l’apanage des acteurs officiant au sein des lieux traditionnels, des temples de la culture (théâtre, salle de concert etc) : la culture c’est une pluralité d’acteurs dans une pluralité de lieux. C’est pourquoi notre initiative prend la forme d’un parcours et non d’une performance en un lieu donné. L’idée est de faire le tour d’un maximum de ces lieux et de mettre à contribution au sein de la performance leurs représentants respectifs. Ce peut être un danseur qui vient y improviser et exprimer son ressenti face à la privation culturelle ou encore une personne écrivant sur son t-shirt (lequel est intégré à la scénographie, NDLR) son ressenti personnel. Au Laü, c’est le directeur Mathieu Lautier qui s’est prêté au jeu, en partageant sa touche d’optimisme : « ça va aller ! » pouvait-on lire sur son t-shirt.

 

La culture une nourriture essentielle et vitale

« Les professeurs de danse, de théâtre, de musique ou d’autres activités sont des vecteurs culturels, des ponts entre un public et une culture active, participative, que l’on crée.  A cet égard, je pense sincèrement que les décideurs ne mesurent pas à quel point les gens ont besoin de cette culture, ni le bien qu’elle leur apporte, d’autant plus dans le contexte de marasme actuel. Je peux témoigner de l’émotion qui gagne certaines de mes élèves à l’issue d’un cours de danse, donné parfois sous la pluie ou dans le froid, avec les moyens du bord. Vous n’imaginez les retours que l’on me fait, certaines en ont les larmes aux yeux. La culture est une nourriture essentielle au même titre que celle que l’on se procure dans les supermarchés.

 

« Les pilules d’immunité Pau éthique » seront distribuées en une quinzaine de lieux dans les jours à venir, à commencer par le réseau des M.J.C. paloises. Le programme est en construction, mais n’hésitez pas à contacter ces MJC pour plus de précision sur le jour de passage.

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