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PEINTURE SUR SOIE : l’atelier des amitiés

C’est en 2001 que Maïté, fraîchement retraitée, a rejoint l’atelier de peinture sur soie, en tant que nouvelle adhérente. L’idée était alors de faire quelques rencontres et de découvrir les ficelles de ce savoir-faire ancestral (la plus ancienne pièce de peinture sur soie a été retrouvée dans une province chinoise, où fût créé cet art, et date du Vème siècle avant notre ère).

Un vœu plus qu’exaucé pour Maïté. Devenue responsable de l’activité quelques années après, elle ne pourrait tout simplement plus aujourd’hui se passer de ces rendez-vous hebdomadaires où elle retrouve celles qui, au fil des mois et années, sont devenues de véritables amies, bien au-delà du cadre de l’atelier. Et si c’était cela le plus précieux des cadeaux que nous offrent les activités du Laü : un moment où l’on retrouve non pas des collègues, mais des camarades avec lesquels on découvre, apprend, rit et vit de beaux moments tout simplement ?

La peinture sur soie, un art ancestral, aux multiples outils
 

La peinture sur soie, ainsi que son nom l’indique consiste à décorer tissus et autres accessoires textiles (foulards, abat-jours, taies d’oreiller …) : comme tout art créatif, il s’agit de laisser libre court à son imagination ! Si cet art ancestral a traversé les époques, de l’antiquité à aujourd’hui, et fut pratiqué sur de nombreux continents, de la chine à l’Europe, la Russie à l’Asie mineure, il existe aujourd’hui des outils et techniques modernes qui rendent ce loisir créatif à la fois accessible aux néophytes et plein de potentiel pour les plus chevronnés des artistes !

Équipé en matériel pour s’adonner et progresser dans la maîtrise de ces potentiels, l’atelier de peinture sur soie du Laü accueille depuis sa création, un noyau dur d’adhérentes passées maîtres dans cet art et, chaque année, de nouvelles venues (les hommes y sont aussi bien venus !) qui viennent en découvrir les ficelles.Bien qu’exclusivement fréquenté par des femmes aujourd’hui, l’atelier est ouvert à la gente masculine, ainsi que le rappelle Maïté: « il y a trois ans, nous avions eu le plaisir d’accueillir un homme dans notre groupe. Je me souviens, lors de sa première venue, qu’il m’avait demandé si je n’étais pas surprise de le voir adhérer à cet atelier, ce à quoi j’avais répondu que non, pas du tout, bien au contraire. Plus le groupe est divers, plus il est enrichi ! »

Après avoir choisi le tissu sur lequel travailler, l’idée est d’y dessiner un motif qui délimitera la zone peinte. Des catalogues de calques sont disponibles, contenant des centaines de motifs que l’on peut ainsi décalquer sur le tissu, avant d’utiliser de la « gutta » pour en fixer les contours. Une fois ce travail réalisé, on « l’étuve » pendant 3 heures, via une étuveuse (machine fonctionnant à la vapeur d’eau) afin de fixer les couleurs.

Plusieurs sortes de gutta existent selon ce qu’on veut réaliser et notre niveau de savoir-faire. Certaines sont colorées (la gutta noire par exemple) ce qui permet de bien distinguer le trait, d’autres sont incolores ce qui peut corser l’exercice.  Il existe aussi des guttas à l’eau, de cuivre, dorée etc… Les fantaisies ne manquent pas et tout un panel de possible s’offre à ceux qui s’attèlent à l’exercice.

Cette étape de la peinture sur soie est la plus importante, il s’agit de s’appliquer lors du passage de la « gutta » précise Maïté, pour éviter que la peinture ne fuse. En effet, il peut être assez délicat de rattraper ces dérapages, notamment lorsqu’on essaie de décalquer un portrait, aux traits fins. 

Mais la gutta n’est pas l’unique moyen de fixer un motif. On peut par exemple avoir recours à l’antifusant, une technique proche du crayon qui livre des résultats très proches de l’aquarelle et permet ainsi des nuances où les couleurs se mêlent les unes aux autres.

Une fois les motifs fixés, c’est la couleur et ses nuances que l’on travaille, plusieurs techniques possibles là aussi, du pinceau classique avec ses nuances de traits à l’utilisation de sel par exemple, gros ou fin qui permet de donner un effet marbré au rendu.

L’atelier de peinture sur soie invite ses adhérents à travailler sur une pièce de bout en bout, c’est-à-dire à déborder le strict travail de peinture pour finaliser la décoration d’un objet, tel qu’un abat-jour. Une fois les motifs réalisés on peut par exemple rajouter des fleurs séchées ou des bijoux, selon notre imaginaire pour donner « la touche finale » à sa création.

Maïté nous montre aussi les pots de yaourt dans lesquels peut se faire une opération aux résultats aussi jolis qu’inattendus. Après avoir mouillé la soie, on la rentre dans des pots de yaourt en verre où l’on a auparavant mis de la peinture de couleur foncée. On rajoute les grains de sel et … « voilà » : le motif qui en résulte nous fait penser au cœur d’une fleur et varie à chaque fois, ce qui donne un effet de surprise et une touche très particulière.  

Une pédagogie d’Education populaire : horizontale et partagée
 

A l’image des autres ateliers de loisirs créatifs du Laü, l’activité de peinture sur soie repose sur un apprentissage horizontal, où chacun apprend des autres. Non seulement l’enseignement reste très qualitatif, mais, en impliquant chacun dans cet apprentissage, à la manière d’un équipage soudé dans l’effort et la vie en commun, il repose sur un esprit solidaire où se forgent de véritables amitiés et où chacun est poussé vers le haut, non pas par esprit de compétition mais de solidarité, où se crée l’envie de transmettre autant que celle d’apprendre.

« Alors que j’étais déjà adhérente depuis quelques années et qu’on me proposait d’animer l’atelier en tant que responsable d’activité, je me souviens avoir été réticente à cette idée, notamment à cause des responsabilités que j’avais endossées lorsque je travaillais encore et que je n’étais peut être pas prête à retrouver alors que je venais tout juste de goûter à ma retraite ! » se remémore Maïté. J’ai même songé arrêter l’activité à un moment… avant de très vite me rendre compte qu’elle était devenue tout simplement indispensable pour moi ! D’abord pour l’activité en soi qui me passionnait mais aussi, voire surtout, pour les relations que j’y ai forgées. En réalité la bascule d’adhérente à responsable s’est faite très facilement et s’est fondée sur cette envie et ce plaisir de transmettre ce que l’on a appris. On aime voir l’autre réussir et on se sent soi-même progresser. Et puis il y a l’idée de sauvegarder un savoir-faire qui est un peu passé de mode aujourd’hui. Lorsqu’on aime ce dernier, il est vraiment agréable et plaisant de relayer ce savoir, de le voir vivre dans les mains d’un autre qui à son tour le transmettra. »

L’esprit solidaire qu’instaure cette pédagogie, Maïté en témoigne lorsqu’elle nous parle des goûters et autres moments partagés qu’elle a plaisir à vivre, mais aussi à travers les amitiés tissées, qui débordent largement l’activité. « Lorsque l’une d’entre nous a un souci, non seulement elle trouve une oreille, mais surtout des amies qui l’aident très concrètement, comme le feraient des proches. »

Un seul niveau est proposé aux adhérent de l’atelier, précisément pour développer et enrichir cette vie de groupe sur laquelle se fonde l’esprit de partage qui y règne. « Certaines d’entre nous apprennent très vite, d’autres ont besoin de plus de pratique mais toutes prennent plaisir à réaliser leurs peintures avec le groupe. Il y a un noyau dur d’adhérentes sur lesquelles on peut compter pour accompagner les nouveaux venus, mais aussi des nouvelles adhérentes, dont chacune apporte de ce qu’elle est au groupe. Par exemple, nous avons cette année le plaisir d’accueillir Valentina qui est russe et peint des poupées ou Fernanda qui nous vient d’Argentine. Un mélange culturel qui apporte un véritable vent de fraîcheur et dont tout le monde ici est ravi de profiter !

    

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