Éduc’ Pop – MJC du Laü https://www.mjcdulau.fr Un site utilisant WordPress Wed, 17 Apr 2024 12:11:51 +0000 fr-FR hourly 1 LE FESTIVAL JEUNES TALENTS EST DE RETOUR ! https://www.mjcdulau.fr/2024-04/le-festival-jeunes-talents-est-de-retour/ Wed, 17 Apr 2024 12:11:51 +0000 https://www.mjcdulau.fr/?p=3416 C’est aujourd’hui, mercredi 17 avril, que s’ouvre la troisième édition, du « Festival Jeunes Talents de Pau » ! Jusqu’à samedi soir, où il se clôturera par son spectacle phare au cœur du grand chapiteau érigé pour l’occasion, le festival ouvrira quotidiennement ses portes au sein des jardins de la M.J.C. Berlioz :  ateliers de découvertes artistiques, culturelles ou ludo-sportives, projections, débats, performances, DJ : le programme du festival s’annonce aussi riche que varié dans ses propositions et s’adresse aux jeunes ainsi qu’à leurs aînés. Avec un succès qui va grandissant au fil de ses éditions, ce qui se traduit par un public et des participants toujours plus nombreux, l’évènement vise juste et remplit avec brio ses attentes : favoriser et valoriser la mixité sociale, les rencontres et les échanges entre les jeunes (dans toute leur diversité et leurs différents horizons ou origines) ainsi qu’avec le reste de la population, susciter la découverte de pratiques culturelles, encourager et valoriser l’engagement et surtout…. faire un plein feu sur les nombreux talents de nos jeunes !

Construit et animé par l’Union Locale des MJC (qui regroupe les M.J.C. du Laü, Berlioz et Des fleurs) ainsi que les Amis de la Chansons Populaire -ACP pour les intimes-  le festival Jeunes Talents a d’abord pour objet de mettre en valeur la grande diversité des pratiques culturelles investies par nos jeunes : musicien, comédien, danseur, poète, jongleur, graffeur, slameur, magicien, acrobate, chanteur, plasticien…. La soirée concours qui viendra marquer le bouquet final du festival samedi soir donnera à voir une myriade de talents à l’œuvre ! Un spectacle haut en couleurs qui ravit chaque année le public présent et reflète l’esprit du festival.

A l’image de ce spectacle, l’ensemble du programme affiche une riche diversité des propositions et des thèmes abordés lors des ateliers et animations qui parsèmeront le festival. Projection de film, débat, atelier de création vidéo, graphique, musical, concert, scènes ouvertes. Un programme qui, au-delà de son originalité, donne un formidable aperçu de la vitalité du tissu associatif local dédié à la jeunesse, ainsi que les valeurs d’éducation populaire partagées par l’ensemble des acteurs participants. Au-delà des trois M.J.C. paloises, à l’initiative de cet évènement, avec les ACP, on retrouve aussi les associations :

Pistes solidaires qui proposeront un débat sur « L’Europe et les jeunes » en ouverture du festival, en mettant d’ailleurs à contribution des jeunes passant leur diplôme du BAFA, El Camino et l’académie « Éloquence » qui présenteront leurs créations et savoir-faire, la Cumamovi qui animera de nombreux ateliers dédiés à la création audiovisuelle et la diffusion ou encore la Fédération Régionale des M.J.C. en charge d’une grande diversité d’ateliers créatifs.

Un ensemble associatif plein de vitalité qui donne à voir mais surtout à vivre les desseins du Festival Jeunes Talents : valoriser les pratiques culturelles des jeunes, favoriser la mixité des populations, permettre la rencontre et l’échange, encourager la participation des jeunes dans l’organisation d’un évènement culturel.

 

Vous l’aurez compris, vous êtes chaleureusement invité à enrichir ce festival de votre présence et répondre à son idéal de rencontre et de mise en lumière de la formidable vitalité de nos jeunesses et de leurs talents. Retrouvez tout le programme ici :

https://www.mjcberlioz.org/festival-jeunes-talents-2024

 

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L’ORCHESTRE DU DÉSASTRE : retour sur une expérience musicale hors norme https://www.mjcdulau.fr/2024-03/lorchestre-du-desastre-retour-sur-une-experience-musicale-hors-norme/ Tue, 19 Mar 2024 17:28:47 +0000 https://www.mjcdulau.fr/?p=3370 La M.J.C. du Laü s’est récemment fait le théâtre d’une expérience musicale, artistique et surtout humaine exceptionnelle : animé par deux musiciens de renoms,  François Cambuzat et Giana Greco  le grand orchestre du désastre  a réuni de nombreux participants d’horizons très variés (enfant et adulte, musicien ou profane, public handicapé ou non) autour d’un projet aussi audacieux que déjanté : créer en 5 jours un orchestre varié, réunissant voix, percussions et instruments divers, avec en ligne de mire un concert de restitution donné le dernier jour de cette résidence ! Une expérience des plus riches, dont les organisateurs, animateurs et participants nous font ici un retour d’expérience…

 

L’éducation populaire en musique !

Donner une définition précise de « l’éducation populaire » sans réduire cette notion à un seul de ses aspects ou de ses dimensions se révèle souvent un exercice difficile tant cette dernière se montre riche, prenant diverses formes dans ses modalités, ses formes ou ses objectifs, ainsi qu’en témoignait d’ailleurs François Maurel lors de sa conférence à la M.J.C. du Laü. Il est par contre bien plus aisé de reconnaître la marque de cette éducation sur une action donnée ou, en l’occurrence, un atelier musical des plus originaux. Étalé sur une semaine, le grand orchestre du désastre a donné à voir mais surtout à vivre à l’ensemble de ses participants une véritable expérience humaine, artistique et bien-sûr collective qui portait haut et fort les couleurs de l’éducation populaire : développer le pouvoir d’agir des individus et leur créativité, enrichir et épanouir le singulier, l’individu, à travers le pluriel, le collectif, être accessible à tous les profils tout en délivrant une expérience qualitative, épanouissante !

 

Nous vous proposons maintenant de découvrir les témoignages de ceux qui ont participé à cette expérience hors norme : François Cambuzat et Giana Greco, les organisateurs et fondateur de l’orchestre, Eric Kruijtzer l’un des participants et enfin, Lionnel Sébire – Kruijtzer et Sylvain Latry, animateurs d’ateliers musicaux à la M.J.C. du Laü qui ont activement participé à l’animation et l’encadrement de cet atelier musical tout au long de la semaine.

 

François Cambuzat :

« L’orchestre c’est un peu comme la vie en communauté et l’anarchie : c’est-à-dire beaucoup de travail pour créer quelque chose qui marche en reposant sur la liberté de tous, où chacun est responsable de l’autre. On appelle « comprovisation » les morceaux proposés dans le cadre de l’orchestre c’est-à-dire quelque chose de composé dans la tête de celui qui dirige et l’orchestre (qui change très régulièrement) et qui va être traduit par les participants de l’orchestre : une rencontre vivante entre les regards de tous et une création commune. Une expérience de créer quelque chose de sauvagement doux, ou doucement sauvage, quelque chose qui naît à la croisée, sur le terreau de l’inattendu et de la rencontre. On comprend que chaque élément de l’orchestre se fait un vecteur du résultat. C’est ce qui fait que tous les orchestre du désastre sont différents. » 

 

Giana Greco :

« Permettre à des gens qui n’ont jamais eu un contact direct avec la musique si ce n’est en tant qu’audiophile, de découvrir et surtout expérimenter ce lien. Et ainsi de comprendre que dans la musique tout est possible… il y a bien-sûr des lois, des règles mais elles ne sont pas limitantes, on a le droit de tout faire et c’est ce qui rend si formidable cette expérience. Si la méthode de l’orchestre du désastre s’inspire du « sound painting », elle s’en émancipe également dans la mesure où le conducteur ne donne pas de note précise à jouer. Il délivre plutôt une intention : comme une note longue et tenue dans le temps, que l’orchestre va traduire comme il l’entend. C’est ce principe d’interactivité et de co-construction de la musique qui fait le sel de cette expérience. »

 

 Eric Kruijtzer :

« Quand on m’a présenté ce projet, j’ai été intrigué sur ce pari un peu fou : faire jouer des personnes non musiciennes et qui ne se connaissent pas ensemble au sein d’un orchestre, ce n’est pas quelque chose de commun. En vérité, j’ai adopté une posture ouverte, j’avais décidé de me laisser surprendre, de découvrir au jour le jour ce que nous réservait cet atelier. Le moins que l’on puisse dire c’est que je ne m’attendais pas à ça. J’ai été happé dès le premier soir, la proposition m’a beaucoup plu mais surtout amusé au premier abord, un aspect ludique qui me plaisait beaucoup mais derrière lequel se dessine une rigueur déguisée. Si François (Cambuzat, co-animateur de l’atelier, ndlr) parle d’anarchie pour qualifier l’esprit de cet orchestre, j’ai pour ma part été porté par la méthode, finalement très rigoureuse, qui structure le fonctionnement de l’orchestre. Cela m’a accompagné et donné confiance en moi. A mesure qu’avançait l’atelier, une séance après l’autre, j’ai pris un plaisir croissant à m’y investir et finalement ça a été une révélation : j’avais hâte que vienne la prochaine séance !

J’ai particulièrement apprécié endosser le rôle de chef d’orchestre ou « conducteur ». Tu te retrouves face à plein d’instruments avec lesquels tu peux faire tout ce que tu veux, c’est quand même génial et franchement grisant ! Et puis, si j’ai toujours aimé chantonner et faire de la musique (plus jeune je jouais de la guitare avec les copains), cet orchestre m’a ouvert les yeux sur le plaisir que j’éprouve à chanter, j’adore ça et j’ai envie de poursuivre cette pratique dans le temps.

Sur un autre plan, j’ai aussi apprécié participer à cet orchestre avec des personnes en situation de handicap. Cette expérience a tout simplement changé mon regard sur ce public et leur réalité. Je ne dis pas que j’avais des préjugés à leur égard et chaque personne ou handicap étant unique je ne veux pas généraliser, mais à l’issue de cet expérience, j’ai l’impression de mieux comprendre ces personnes ou tout du moins de m’être familiarisé avec eux, de peut-être mieux les comprendre ou les percevoir différemment. C’est quelque chose de précieux. De façon plus générale, l’orchestre m’a offert de faire des rencontres avec des gens d’horizons très différents, ce qui m’a là aussi beaucoup marqué. Participer à cette expérience dans le temps permet de vivre quelque chose de fort ensemble, et on noue des liens ! Je garde d’ailleurs aujourd’hui contact avec certains des participants et tout comme moi, ils comptent bien donner suite à cette expérience, nous verrons de quelle façon. »

Un aspect dont Lionel Sébire – Kruijtzer (animateur auprès des chamois pyrénéens) qui a activement participé à l’encadrement de l’orchestre pour la M.J.C, s’est aussi fait l’écho :

« L’une des choses qui m’a particulièrement marquée, c’est le souci d’inclusivité montré par François et Giana lors de la soirée du concert. Là où beaucoup de monde aurait privilégié le rendu artistique en sélectionnant des participants habiles au poste de conducteur (chef d’orchestre), ils ont au contraire choisi de donner la parole, en les mettant sous les feux de la rampe, aux profils atypiques parmi les participants, notamment des porteurs de handicap. Ainsi, le soir de la représentation finale, la « parole » ou plutôt la conduction de l’orchestre, a été donnée à ceux à qui on la refuse d’ordinaire : un enfant hyperactif, un adulte en situation de handicap mental et une personne aveugle. C’est quelque chose qui m’a beaucoup marqué et que j’ai vraiment appréciée, mais qui a surtout représenté une expérience intense pour ces personnes. Au-delà de ce passage devant le public et ses applaudissements, ces personnes ont fait partie intégrante de l’orchestre et de son collectif qui s’est montré enrichi de sa diversité.

Sur un plan plus technique, j’ai beaucoup puisé dans la méthode suivie par l’orchestre, notamment son approche fondée sur la gestuelle et ses codes pour les adapter à mes ateliers de musique (adressés aux personnes en situation de handicap ndlr). A terme je pense l’utiliser au sein de tous mes groupes de façon à créer un « langage accessible et universel d’un groupe à l’autre, avec lequel se familiariseront tous les participants. »

 

Sylvain Latry (animateur de batucada, au sein de l’association Etoile métisse) :

« La méthode du sound painting n’est pas quelque chose de nouveau, on s’en sert notamment en jazz pour l’impro. Ce que j’ai trouvé intéressant dans cet atelier, c’est la possibilité de compartimenter l’orchestre de façon modulaire, le conducteur pouvant d’adresser à un seul musicien ou une partie de l’orchestre dont il définissait facilement les frontières.

De plus, cette méthode amenait l’orchestre a changer très régulièrement de structure musicale, notamment rythmique. Un changement multiforme perpétuel, qui donnait un style bien particulier au rendu, touchant un registre musical qui rappelle le contemporain, par exemple en s’émancipant des codes habituels de la mélodie. Finalement ce n’est pas tant le résultat musical qui importait mais plutôt la façon dont celui-ci s’écrit, se construit, de façon largement déstructurée.

Une autre « grande force » de l’orchestre du désastre repose sur sa capacité à assoir ses participants dans la chaise du chef d’orchestre, ou conducteur, qu’ils le veulent ou non d’ailleurs. On ne choisit pas d’être chef d’orchestre, on est choisi et on ne peut pas se défiler. La contrepartie c’est que l’on est mis en confiance par l’orchestre, qui se transforme en soutien solide. Pour certains participants, ce passage, c’était un « grand saut ». Ils ont dû surmonter leur timidité, mais justement, ils se sont retrouvé à une place à laquelle il ne seraient jamais allé s’il n’y avaient pas été contraints. Le résultat c’est une expérience unique, très enrichissante humainement qui s’est donnée à vivre à travers le collectif et l’humain : un moment très riche en émotion »

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ASSOCIATION, ÉDUCATION POPULAIRE ET CITOYENNETÉ https://www.mjcdulau.fr/2024-03/association-education-populaire-et-citoyennete-2/ Wed, 13 Mar 2024 13:56:48 +0000 https://www.mjcdulau.fr/?p=3367 A l’occasion d’une consultation de nos archives vidéo, nous sommes par hasard tombés sur une interview d’André LABARRERE (datant du tout début des années 2000), menée par d’anciens jeunes de notre foyer au Laü. Interrogé sur la notion de citoyenneté, ce dernier se référait à un article de la presse nationale, qui avait essayé d’établir un palmarès des villes les plus citoyennes de France. La citoyenneté, une notion qu’il apparait a priori difficile de mesurer ou d’évaluer en toute objectivité mais dont on peut reconnaître certains des caractères ou expressions. L’enquête évoquée plus haut se fondait sur 3 critères : le taux d’abstention aux votes, le vote aux extrêmes et en particulier à l’extrême droite et le tissu associatif de la ville en question (en proportion du nombre d’habitants). Au sein de ce palmarès, Pau finissait sur le podium, notamment grâce aux nombreuses associations qui y sont actives.

Bien qu’il ne soit en rien exclusif à notre région, Pau peut se targuer d’arborer un tissu associatif dense, et avec lui d’une forte culture locale pour l’éducation populaire. S’il n’est pas facile de définir les contours précis d’un concept comme l’éducation populaire au vu des nombreuses formes qu’on pris les mouvements qui s’en revendiquaient, on peut toutefois s’accorder sur les finalités des structures adoptant ses préceptes clefs, notamment le faire/construire ensemble, sur un modèle. Du bénévolat au militantisme, l’émancipation des consciences individuelles, par le partage d’un projet de groupe et la construction d’actions communes, constitue déjà en soi une porte solide vers l’exercice citoyen.

Nous sommes allés à la rencontre de deux travailleurs locaux, qui ont axé leur carrière autour de l’éducation populaire. Ils nous offrent ici, à travers leurs expériences, un regard à l’échelle locale, sur ces liens entre associations, projets partagés et citoyenneté.

Après avoir été animateur au sein d’un foyer pour jeunes sur le quartier Berlioz, Jacques DURAN a passé la majeure partie de sa carrière au sein de Jeunesse et Sport. Son travail consistait à examiner les projets des associations (à travers leurs statuts et projets éducatifs) afin de les aider à comprendre et rester sur des dynamiques d’Éducation Populaire. Mathieu LAUTIER quant à lui est le directeur de la M.J.C. du Laü. Il a récemment entamé une longue démarche pour définir le projet associatif global de notre structure, un travail collectif regroupant la pluralité des acteurs et projets du Laü.

Tous deux s’attardent ici sur les rapports entre dynamique collective, projet associatif partagé et finalités d’éducation populaire.

Jacques DURAND : « pour comprendre comment marche un système, il faut examiner son moteur. »

« L’éducation populaire n’est pas chose aisée à définir, et beaucoup s’y sont cassés les dents. Contrairement à beaucoup de croyances populaires, ce n’est pas une éducation réservée au « petit peuple », ou pire, une éducation au rabais, bien au contraire, elle est très exigeante en cela qu’elle repose sur des dynamiques collectives, ce qui, par essence prend du temps à mettre en place (à l’inverse de modèles fondés sur un pouvoir décisionnaire individuel).

C’est une éducation « hors les murs », non institutionnalisée. En résumé, elle repose sur ce que les gens en font, c’est une sorte d’auberge espagnole, on y trouve ce qu’on y apporte. Un projet d’éducation populaire est, par essence issu d’un collectif, des citoyens regroupés autour d’une envie de faire et de créer ensemble. C’est ensuite une dynamique, qui se doit de refléter ce pluralisme en se fondant sur des processus de démocratie participative établis et concrets.

Cette composante est primordiale. Et c’est le projet associatif qui la mettra en forme et sera le garant de cet esprit. Si je prends la métaphore d’une voiture à propos d’une association, on peut dire que le projet associatif, constitue son moteur. S’il a été bien pensé et construit collectivement, il sera le garant de cette dynamique partagée et des objectifs de l’association, du sens de son action, de son identité.

Tout l’objet de ma carrière au sein de Jeunesse et Sport, où je m’occupais de délivrer les agréments d’éducation populaire aux associations qui le demandaient, reposait sur cet accompagnement des collectifs de personnes désireuses de progresser ensemble vers la réalisation d’un projet qui fasse sens pour eux et pour l’Éducation Populaire. Agir sur le moteur donc, à partir duquel tout le reste découle. C’est la construction de ce projet qui confère aussi l’identité d’un collectif, une identité qui elle-même se construit donc et reflète le travail et l’esprit de ceux qui l’ont mise en œuvre.

Les structures d’Éducation Populaire ont besoin de subventions pour fonctionner. Si je prends les services offerts au sein de la « fabrique d’initiatives citoyennes », ils ont un coût, et la structure ne dégage aucun bénéfice.

L’un des problèmes majeurs aujourd’hui repose sur l’évaluation des actions de toutes ces structures, pour la plupart petites, issus des mouvements d’Éducation Populaire. Les financeurs peuvent avoir du mal à bien les évaluer. Quand on est animateur, on se préoccupe avant tout de bien réaliser une action, pas de communiquer dessus, car on n’a tout simplement pas le temps, et on perçoit ça comme une perte d’énergie. Or la communication prend une place de plus en plus stratégique et importante pour les assos, car sa qualité est directement indexée aux subventions octroyées. C’est un problème, mais il faut apprendre à composer avec.

Le problème entre acteurs associatifs et financeurs repose sur le contrôle. Quand on finance on veut pouvoir influer sur les décisions, on demande un fléchage précis des actions et des comptes rendus de toutes les dépenses investies. Mais, quand bien même on est en droit en tant que financeurs d’avoir un compte rendu de l’activité et des projets de l’association, on n’a pas droit de contrôle. Subventionner un projet associatif c’est d’abord reconnaître son utilité au sein de l’espace public, raison pour laquelle le projet associatif se doit d’être bien construit et pensé. Mais le rôle des financeurs publics s’arrête là. Une fois que l’on a reconnu le bien fondé d’un projet, et c’est là tout le travail des subventionneurs, on se doit de faire confiance aux personnes qui le portent et le font vivre au quotidien, bénévolement pour la plupart, sinon on tue dans l’œuf ce projet.

Au début de ma carrière, j’étais animateur au sein d’un foyer de quartier, à Berlioz, alors directement lié aux services de la ville. André LABARRERE nous avait demandé de « dé-municipaliser » ce foyer, de devenir indépendant, c’est comme ça que je me suis intéressé à la rédaction des statuts, de la portée et du sens de cette réalisation et que j’en ai fait mon travail, car c’est passionnant. Et pour en revenir à la première question, sur le rapport entre éducation populaire et citoyenneté, je pense que c’est en effet lié. Vous en connaissez beaucoup vous des maires qui démunicipalisent leurs services ?

D’ordinaire c’est le mouvement inverse, on municipalise les services, cela permet de les contrôler directement, à la fois dans leur finance et leur projet. Démunicipaliser c’est prendre le risque de voir un discours dissident apparaître. Mais c’est André LABARRERE qui avait tout compris, sur cet aspect du moins. Économiquement parlant, en premier lieu, cela permet de faire appel à des bénévoles, pour faire un travail qu’ils auront, par nature, à cœur. Mais surtout, cela développe des entités collectives extrêmement dynamiques et grandement impliquées dans leurs objectifs, puisque cela repose avant tout sur de l’envie, des convictions. S’y développeront forcément des savoir-faire, qui se transmettent. Municipaliser une association et vous perdrez tout le substrat bénévole.

Cela dit, je reviens sur mes propos liminaires : une association c’est avant tout un collectif, et un projet, intelligemment construit (démocratiquement donc, ce qui prend du temps) et écrit. C’est lui qui permettra aux financeurs d’évaluer le plus justement possible l’intérêt que représente ce projet dans l’espace public. Et c’est en effet un formidable vecteur de citoyenneté. »

Mathieu LAUTIER, directeur du Laü, nous parle quant à lui du projet associatif du Laü, des propos qui font ici échos à ceux de Jacques DURAND.

« On parle de mouvements (au pluriel) d’Éducation Populaire, un pluriel qui traduit les différentes formes et définitions qu’ils peuvent recouvrir. Plusieurs mouvements « originels » donc, et aujourd’hui des héritiers de ces mouvements.

L’Éducation Populaire, c’est d’abord un processus. Il peut y avoir des structures qui pour partie de leur action sont dans une dynamique d’Éducation Populaire et pour le reste être dans l’animation seule. Le projet du Laü se donne à voir, globalement sous ces deux aspects, à savoir la transformation sociale si modeste soit-elle et l’animation, comme émancipation collective des consciences, en opposition avec les discours et processus sociaux dominants. L’Éducation Populaire se définit avant tout, comme une construction collective, une synergie active.

Par exemple, nous sommes en train de restructurer notre projet associatif. La demande repose à la base sur la création d’un « simple » outil de gestion, permettant l’évaluation objective des finances, de façon « technocratique ». Mais, en suivant les principes de l’Éducation Populaire, nous ajoutons à cette demande de création d’un outil de référence, deux dimensions, à travers lesquelles nous nous définissons, comme collectif d’Éducation Populaire.

La première repose sur la démarche elle-même, une démarche interne de dynamique collective, mobilisant tous les représentants des entités et projets singuliers évoluant à l’intérieur de notre maison pour affirmer le Laü comme un acteur collectif à part entière. Dans une entité par essence plurielle comme la nôtre, cela se traduit par un processus long et complexe mais c’est précisément cet exercice qui confère le sens de son action à notre structure, et lui permet de s’affirmer comme acteur, aux couleurs de l’Éducation Populaire.

La seconde dimension est directement liée au résultat de cette démarche, à savoir une légitimité à être reconnu dans l’espace institutionnel où se jouent des décisions touchant nos champs (la jeunesse et la culture au sens large). On s’octroie cette reconnaissance par notre démarche et demandons en retour une reconnaissance de notre forme d’expertise sur notre territoire. »

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« CEUX QUI FONT CHANTER TE SALUENT » : l’histoire scénique et artistique locale vue depuis ses coulisses. https://www.mjcdulau.fr/2024-03/ceux-qui-font-chanter-te-saluent-un-projet-litteraire-et-journalistique-denvergure/ Thu, 07 Mar 2024 09:46:27 +0000 https://www.mjcdulau.fr/?p=3360 Qualifier d’ambitieux le travail d’écriture et de reportage réalisé par Franck URBAN au fil des 3 tomes qui constituent son ouvrage : « Cèu de Pyrène : ceux qui font chanter te saluent » relèverait de l’euphémisme tant son contenu se veut riche. S’articulant autour d’entretiens réalisés auprès des « acteurs de l’ombre » qui amènent les artistes et musiciens sur les scènes de la région, le récit traverse des décennies d’histoire associative et militante locale. Un projet que son auteur, Franck URBAN se propose de présenter ce vendredi 8 mars à partir de 18h au Laü, dans le cadre d’une rencontre ouverte.

Réalisé aujourd’hui en autoédition, c’est aussi sur le militantisme et l’intérêt de ses lecteurs que repose ce projet qui rend hommage au monde associatif de la musique dans notre région ainsi que le décrit son synopsis :

« Rares sont les témoignages sur l’histoire des coulisses de concert qui s’étendent sur des décennies. A travers des anecdotes des stars issues de tous styles musicaux, une trentaine d’acteurs historiques de la région pyrénéenne nous narrent la genèse de leur structure, l’évolution de leur profession, les bons moments, les difficultés, les décisions, leurs rencontres, ainsi que les conséquences de projets novateurs parfois un peu fous, sur l’aménagement de lieux historiques. » 

 

Une fresque à dépeindre

Découpée en 2 tomes distincts, l’œuvre réalisée par Franck Urban embarque ses lecteurs le long d’un voyage sur plus de 600 pages, au cours duquel nous faisons la rencontre de ces nombreux hommes et femmes qui amènent la musique sur les scènes de nos régions jusqu’à l’oreilles des spectateurs, des « acteurs de l’ombre » que l’auteur s’évertue à mettre en lumière au fil des entretiens réalisés. C’est là toute l’originalité de sa démarche que de proposer à son lectorat de découvrir l’envers du décor, de délaisser quelques instants la scène et ses artistes pour pénétrer, à pas feutrés, dans les coulisses de cet univers pailleté fait de rencontres, d’anecdotes, de témoignages et réflexions :

« Ce livre donne la parole à des professions tels que luthier, label, disquaire, organisateur indépendant ou subventionné, technicien, Sacem, chef d’orchestre, professeur de musique, responsable de fan-club, musicothérapeute, artiste, etc… Ces passionnés nous feront partager leur métier et citeront pas moins de dizaines d’artistes et autres partenaires avec qui ils ont œuvré ». 

Au fil de chacun des entretiens (une trentaine au total) apparaît en toile de fond une gigantesque fresque donnant à voir ce monde de l’ombre, aussi méconnu que riche : « Une sorte de bilan sur le monde du spectacle, un regard en arrière à partir des années 50, à une époque où tout était à construire et où les idéologies politiques s’entrechoquaient aussi autour des salles. »

 

La genèse d’un projet fait de rencontres artistiques et humaines 

« Je m’intéresse aux aventures humaines, c’est vraiment cet aspect qui m’intéresse le plus dans les histoires, comment elles se donnent à lire à travers le regard de ceux qui les ont mises en œuvre », confie Franck à propos de sa propre aventure avec ce projet. Chroniqueur pour un webzine, c’est avant tout l’envie de rassembler, compiler et mettre en lumière les nombreux témoignages informels recueillis en diverses circonstances auprès de ces acteurs de l’ombre qui le poussa à l’écriture de son ouvrage.

Je me souviens d’une conférence de presse donnée sur la venue de Franck Zappa dans la région qui m’a particulièrement marqué. Les anecdotes et témoignages sur les concerts donnés dans les 70’s fusaient. De mon point de vue, ces interventions étaient très précieuses et montraient la couleur d’une époque, celle de l’après 68. C’est ce matériau que j’ai voulu travailler, valoriser et mettre en lumière. Il en fût de même avec deux œuvres sur lesquelles je suis tombé qui m’ont donné matière à réflexion et m’ont poussé à entreprendre ce projet : un livre d’abord, « AC/DC : tour de France » où étaient évoqués les problèmes rencontrés par différents groupes durant leurs tournées, ainsi qu’un documentaire sur l’arrivée du blues en France, réalisé par Jacques Gasser. De véritables mines d’or d’informations aussi passionnantes que méconnues du grand public. Cela m’a donné envie de m’inscrire dans cette même veine, suivre ce sillage en l’adaptant à mon projet.

De très nombreuses œuvres présentent déjà les artistes sous toutes leurs coutures, je voulais m’intéresser à tous les autres, à ceux que l’on ne connaît pas et les montrer dans toute leur diversité, raison pour laquelle je visais une certaine transversalité dans le choix des entretiens et métiers abordés. Luthier, disquaire, musicothérapeute, structures locales telles que la M.J.C. du Laü et ses cinés concerts, je voulais brosser un tableau le plus large possible, à une époque où tout était à construire, montrer ce que ces personnes ont réussi à accomplir en partant d’une page blanche, leur regard sur la venue des artistes, l’évolution de leur métier et du contexte ambiant, artistique et social et le tout à travers des lieux historiques de la région.

 

 

pour soutenir le Projet de Franck Urban, rendez-vous sur :

Ceux qui font chanter

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HOMMAGE à Robert BADINTER https://www.mjcdulau.fr/2024-02/hommage-a-robert-badinter/ Fri, 09 Feb 2024 16:47:15 +0000 https://www.mjcdulau.fr/?p=3326 “Il est un droit qu’aucune loi ne peut entamer, qu’aucune sanction ne peut retrancher : le droit de devenir meilleur ”. Bien qu’écrite par Victor Hugo, auquel il vouait une profonde admiration, cette assertion incarne parfaitement les convictions et les combats menés toute sa vie durant par Robert BADINTER, à qui toute la classe politique, intellectuelle et associative française rend unanimement  hommage aujourd’hui. Décédé hier, à l’âge de 95 ans, cet homme aux mille vies- il fut avocat, ministre, écrivain, président du conseil constitutionnel et sénateur- était considéré comme « l’un des derniers géants du XXème siècle », une figure qui incarnait l’humanisme de la justice et des droits ainsi que les valeurs fondamentales de notre république, sur lesquelles se construit le vouloir vivre ensemble.

C’est avant tout à travers son combat contre la peine de mort que s’est dessinée sa figure d’intellectuel humaniste militant. « C’est le combat de la vie, pas d’une vie, de la vie » déclarait-il à propos de cette cause qu’il s’estimait particulièrement fier d’avoir fait triompher, avec acharnement et obsession, face à une opinion publique majoritairement favorable au maintien de la peine capitale, « notre honte commune » ainsi qu’il la qualifiait. Cependant, aussi central fut-il dans sa carrière, on ne saurait réduire l’action de Robert BADINTER à ce seul combat. Si l’on se souviendra longtemps de lui comme « monsieur abolition », l’action du militant déborde largement ce seul haut fait. A la tête du ministère de la justice, il mena de nombreuses autres réformes, incarnant toutes les valeurs humanistes et républicaines qu’il défendit viscéralement tout au long de sa vie : suppression des juridictions d’exception où des militaires jugeaient des civils et, abrogation du délit d’homosexualité, de la loi anticasseurs votée après les événements de mai 1968, instauration du droit pour les citoyens français de saisir la Cour européenne des droits de l’homme, l’action de Robert BADINTER reste aujourd’hui durablement inscrite dans notre droit républicain.

 

Après avoir connu dans sa jeunesse la grande bassesse d’une époque et d’un pays au sein de la France de Vichy qui déporta son père, il ne perdit jamais foi en l’humanité. Bien au contraire, il s’employa à aider cette dernière à s’élever, précisément par l’humanisme et l’humanité. En cela nous ne pouvons qu’entendre raisonner dans les valeurs d’éducation populaire qui irriguent notre M.J.C. cette vision résolue et déterminée qu’il porta toute sa vie, cet espoir placé dans les principes du  » vivre ensemble « , à travers lesquels nous faisons société, à travers lesquels les hommes et femmes peuvent s’élever, s’émanciper et dessiner un commun où s’écrit demain.

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LE « BRIC A BRAC CULTUREL » une programmation annuelle aux couleurs du Laü https://www.mjcdulau.fr/2024-01/le-bric-a-brac-culturel-une-programmation-annuelle-aux-couleurs-du-lau/ Tue, 30 Jan 2024 09:34:25 +0000 https://www.mjcdulau.fr/?p=3280 Nouveau venu parmi les outils de communication de la M.J.C., le fascicule du Bric-à-brac culturel donne à voir les évènements et rendez-vous majeurs à venir au Laü sur l’ensemble de l’année, qu’ils résultent de la programmation directe du Laü ou qu’ils soient à l’initiative des nombreuses associations de son collectif. Mis en forme aux couleurs de notre communication, à l’image de notre programme d’activité ou de note site internet, ce fascicule est disponible à l’accueil de la M.J.C. dans sa version physique ou sur notre site internet (programme culturel) dans sa version numérique. Pensé pour donner une visibilité sur le temps long des évènements à venir, ce « bric à brac » se fait également le reflet de la vitalité de notre collectif associatif et du dynamisme de ses propositions, tout en réaffirmant les valeurs d’éducation populaire qui infusent -pour mieux se diffuser- le projet culturel de la M.J.C. : une culture résolument populaire dans le sens noble du terme : qui se vit et se construit ensemble, des espaces de réflexion partagés où la citoyenneté se donne à expérimenter, une volonté d’ouverture au plus grand nombre de nos évènements tout en travaillant la pertinence et la diversité des sujets ainsi que la richesse de leurs contenus.

 

Continuité et renouveau, les principes clefs du « bric à brac culturel »

« Au-delà de ses activités régulières, le Laü propose tout au long de l’année un ensemble d’évènements variés », rappelle Miguel MANJON, chargé du développement de la M.J.C. et responsable de sa programmation culturelle. « Ce bric à brac culturel se construit plus que jamais dans la continuité et le renouveau, coloré par les valeurs de l’éducation populaire. Continuité dans ce qui fait la force et la singularité de notre maison, l’émergence de temps de rencontre portés par le creuset associatif qui anime le Laü. Adhérents ou curieux vous trouverez votre bonheur lors de stages, de soirées dansantes, de conférences concoctées par notre collectif ». Riche de ses nombreuses activités et associations de danses, la M.J.C. se mue régulièrement en haut lieux du tango, rock’n’roll, salsa, son ou danse d’expression africaine. Des soirées thématiques et spectacles qui réunissent un très large public venu parfois de loin pour vivre dans une ambiance des plus festive, leur goût pour la danse et la musique. Tenus depuis de nombreuses années, ces rendez-vous ne désemplissent pas et réunissent un public toujours aussi varié. Retrouvez l’ensemble de ces dates au sein du bric à brac.

« Renouveau, parce qu’en revenant à nos racines, nous n’avons jamais oublié l’importance du « C » dans le sigle qui caractérise notre entité juridique, rappelle Miguel : « Maison des Jeunes et de la Culture ». Dans les années 60, les M.J.C. jouaient le rôle de véritables pépinières artistiques. Qu’en est-il aujourd’hui ? Dans ce monde  foisonnant de la démocratisation culturelle, serons-nous à nouveau les pionniers d’une autre culture ? A vous de nous le dire en passant les portes de notre « Forum des Arts », notre salle de spectacle. A vous de le construire, en devenant à nos côtés les acteurs d’un lieu alternatif, d’initiatives artistiques et d’expérimentations solidaires ».

 

Cultiver l’imprévisible

S’ils s’inscrivent sous le signe de la diversité, tant par leur forme (conférence débat, conférence gesticulées, conférences musicales, atelier collectif et expérimental de créations musicales), que par leur sujet ou thème (géopolitique, législation, sujet de société, création) tous les évènements de notre programmation partagent une même philosophie : miser avant tout sur la participation des publics pour construire les savoirs et réflexions partagées et proposer des rendez-vous artistiques placés sous le signe de la découverte, qui sortent des sentiers battus et se distinguent par la qualité de leurs propositions.

C’est ce dynamisme, issu aussi bien du vivier associatif de la M.J.C. que de la participation active de nos publics aux différents rendez-vous, que nous nous employons à nourrir à travers notre action et notre programmation. Un bric à brac culturel qui se refuse à toute mise en ordre et mise au contraire sur l’imprévu de la rencontre pour délivrer ses fruits. A vous de venir les cultiver avec nous.

Retrouvez, a posteriori, nos différentes conférences en vidéo sur « squaredulau.fr ».

 

 

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« Jeunesse, violence et prévention », une conférence animée par Bruno Pomart (19/01/24) https://www.mjcdulau.fr/2024-01/conference-19-janvier-2024-de-bruno-pomart-jeunesse-violence-prevention/ Tue, 16 Jan 2024 13:47:53 +0000 https://www.mjcdulau.fr/?p=3249 Intégration, sécurité, discrimination, égalité sociale, citoyenneté, immigration, emploi, laïcité… La jeunesse des quartiers populaires se retrouve régulièrement liée à des sujets clivant du débat public dont elle semble cristalliser les aspects les plus polémiques. Ex policier du raid, aujourd’hui maire « sans étiquette » de la commune de Belflou, Bruno POMART est aussi un acteur et militant associatif de terrain et l’auteur de plusieurs ouvrages dans lesquels il livre son analyse des réalités de ces quartiers, de leurs habitants, des dynamiques sociales, économiques et culturelles qui les traversent, aux politiques qui y sont menées. S’affranchissant des traditionnels clivages idéologiques « droite-gauche », notamment par le prisme de sa longue expérience de terrain, il défend une vision singulière des axes d’action à investir pour créer maintenir et renforcer les liens citoyens entre jeunes, institutions et population dans ces « quartiers prioritaires ».

 

Idéologies, représentations et réalités

Les uns parlent de quartiers « difficiles », « défavorisés », voire de « territoires abandonnés » par la république, de déserts institutionnels au sein desquels l’action publique doit être « prioritaire » pour rétablir et appliquer l’égalité de notre devise nationale et lutter contre les discriminations. Pour leurs contradicteurs, il s’agit plutôt de « zones de non droit », de « territoires perdus » par la république qui doivent être « reconquis » manu militari pour y rétablir « l’ordre » et la « sécurité » en luttant contre « l’ensauvagement » de sa jeunesse.

Évidemment caricaturale, cette représentation binaire et sans nuance de l’opinion publique n’est pas sans refléter une polarisation bien réelle du débat public à propos de la jeunesse des quartiers populaires et surtout un affrontement idéologique qui prend le pas sur une approche apaisée et raisonnée des problématiques soulevées. Un débat hors sol, pollué par les idéologies de tout bord, qui l’enferment dans des représentations (de la jeunesse de ces quartiers, du quotidien de ses habitants) souvent grossières, caricaturales, et surtout déconnectées du réel.

Une posture et une approche dont Bruno POMART nous invite à prendre le contrepied, de façon à sortir des caricatures et appréhender de façon dépassionnée les questions de la « jeunesse, de la violence et sa prévention ». A l’image de son parcours professionnel et associatif (Ex policier du Raid, il est aussi le fondateur de l’association « Raid aventure » qui œuvre au rapprochement, par le sport et la culture, entre la jeunesse des quartiers prioritaires et la police), l’écrivain propose de s’émanciper de l’idéologie pour entrer de plein pied dans un débat ancré dans le réel des quartiers :  « En trente ans d’expérimentation de terrain au service de la jeunesse et du rapprochement police-population, plus particulièrement dans les quartiers dits « prioritaires de la politique de la ville », j’ai été le témoin direct de la série d’« abandons » dont ces jeunes ont été les victimes au cours des dernières décennies et dont ils souffrent toujours aujourd’hui.

Ce sont ces « abandons » qui sont à l’origine du mal-être et de l’explosivité actuels. La crise que nous traversons nous offre l’opportunité, peut-être la dernière, de faire face à nos responsabilités vis-à-vis de notre jeunesse. Il est encore temps de redresser la barre, à condition, et c’est l’argument principal de son livre (« Quartiers non prioritaires de la Politique de la Ville »-Editions du Panthéon), de replacer l’humain au centre des préoccupations car une démocratie sans une jeunesse saine et épanouie est une démocratie malade. »

 

 

Conférence ouverte à tous, le vendredi 19 janvier 2024 à 20h30

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Quels cadeaux offrirons-nous à Noël ? https://www.mjcdulau.fr/2023-12/quels-cadeaux-offrirons-nous-a-noel-2/ Tue, 19 Dec 2023 15:24:06 +0000 https://www.mjcdulau.fr/?p=3228 Bien que réappropriée par l’Eglise dans l’idée de christianiser les fêtes païennes, la nuit de Noël trouve ses racines bien plus en amont dans l’histoire. Déjà dans la Rome antique on célébrait le passage d’une année à l’autre, et l’éternel cycle des saisons à travers la figure du soleil renaissant « Sol invictus », lors des « Saturnales », des festivités s’étalant sur douze jours (du 25 décembre au 6 janvier). Durant cette période, les barrières sociales disparaissaient ou du moins étaient renversées (selon un principe carnavalesque). Les maisonnées se voyaient ornées de houx, gui et lierre et résonnaient des copieux banquets nocturnes qui y étaient dressés. On s’échangeait alors des cadeaux et offraient des figurines aux enfants. Loin d’être exclusives à la culture romaine ces festivités trouvaient leur équivalent dans les cultures « barbares » de toute l’Europe : chez les Celtes, Germains, Slaves… C’est par souci de christianiser ces célébrations « hérétiques » que l’Eglise a fait du 25 Décembre le jour de célébration de la nativité, déjà présente dans l’héritage païen. Une date qui s’étendra progressivement à tout l’Occident latin et jusqu’au monde entier aujourd’hui, en mélangeant tradition universelle et locale, selon les endroits et cultures.

Aujourd’hui Noël s’est fortement sécularisé et n’est plus forcément perçue ni célébrée comme une fête religieuse. Elle ne réunit pas exclusivement la communauté chrétienne mais un grand nombre de familles d’origines diverses autour d’un repas chaleureux imprégné du bonheur de partager avec ceux qui nous sont proches. Si Noël a progressivement délaissé son manteau religieux pour revêtir celui, plus laïque, de l’universalité, les valeurs qu’on honore et célèbre lors de ce jour d’expression collective intense ont quant à elles perduré. C’est d’abord la nativité et à travers elle la famille- cristallisée autour de la figure de l’enfant, autour de laquelle on se réunit et s’échange des cadeaux, symboles des liens affectifs avec les proches. Charles Dickens dans sa nouvelle « Christmas Carol » publiée en 1843 dépeint ainsi la famille Cratchit, dont les membres «sont pauvres, n’ont rien de remarquable, mais sont heureux d’être ensemble ».

 

célébrer l’humanisme

Au-delà des valeurs liées à la famille, Noël véhicule aussi ces principes par lesquels l’Homme se rapproche de son humanité en s’éloignant de son animalité: la solidarité, la fraternité, la sincère empathie éprouvée envers ces « autres moi » que sont tout simplement les autres…Nombreuses sont les occurrences historiques où se donna à voir l’expression de ces hautes valeurs humaines, mais certaines ont particulièrement marqué les mémoires de leur force d’évocation.  A l’image de ces soldats Britanniques, Français, Belges et Allemands qui en 1914, en pleine bataille de Verdun, au milieu des tranchées jonchées des corps de leurs frères d’armes, au cœur de la bataille la plus sanglante de l’Histoire, décidèrent de se réunir un soir de Noël pour et retrouver le temps de cette trêve impromptue, une humanité dont la plupart avait oublié le visage, mutilé par l’absurde horreur de ce conflit. Une fraternisation spontanée qui se donna à voir en de multiples endroits du front, telles des fulgurances d’humanité perçant ce voile de mort et de barbarie.

Mais Noël c’est aussi cette grande messe du consumérisme, où les valeurs héritées de la tradition deviennent des slogans publicitaires, où l’on se « goinfre » en gaspillant énormément de denrées et en polluant allégrement, quasiment sommé, sous peine d’ostracisme social, d’acheter en masse en prévision de cette journée qui souvent concentre les plus gros bénéfices des commerces sur l’année entière. Une instrumentalisation des traditions et des valeurs humanistes pourtant aux antipodes de l’individualisme prôné par les sociétés modernes, qui frise clairement l’indécence en de cette période où l’injustice sociale se donne particulièrement à voir. C’est un fait à la fois connu et parlant : les couleurs rouge et blanche de la robe du Père Noël sont directement héritées d’une campagne de pub lancée par la plus célèbre marque de Soda afin précisément de récupérer à son compte l’engouement consommateur de la période.

Alors offrir des cadeaux à Noël, est-ce une contribution au consumérisme ambiant ou une célébration des valeurs humanistes millénaires transportée par la Tradition ?

 « La plus grande joie, c’est encore celle de donner et ceux qui l’ignorent ont tout à apprendre de la vie » confiait l’écrivain Georges Duhamel. Un message qu’on pourrait qualifier d’angélique ou de naïf s’il ne recelait pas l’une des vérités les plus universelles, de celles qui confèrent à l’Homme son Humanité. Car c’est bien par l’autre que l’homme fit société et parvint à élaborer tous ces principes de justice, d’égalité, de fraternité qui témoignent que c’est bien la relation à l’autre qui reste notre ressources la plus précieuse. Bonne nouvelle, non seulement cette ressource est inépuisable, mais plus on y puise, plus elle s’étend, gagne en consistance, en intensité. Et c’est bien de cela qu’émane la fameuse « magie » de Noël, de cette propension et ce désir de célébrer avec l’autre le bonheur d’être en relation. Les cadeaux n’en sont qu’une expression, une matérialisation voire un hommage, mais le réel présent réside fondamentalement dans la relation à l’autre.

En somme la fête de Noël ressemble d’abord à ce que l’on en fait. On peut y célébrer le plaisir d’être avec l’autre, d’offrir, de fraterniser, comme le donne à voir les milliers d’initiatives citoyennes et solidaires construites à l’occasion, ou sur un temps plus continu, l’esprit associatif sur lequel les individus construisent les actions du faire et vivre ensemble. Alors le 25 Décembre, offrez vous d’abord le plus précieux des cadeaux : celui de donner.

Retrouvons nous ! Guinguette éphémère du Laü mardi 19/12 à 18H30

Parce que Noël marque avant tout le plaisir de se retrouver, la M.J.C. ouvre les portes de sa traditionnelle « Guinguette éphémère » ce soir mardi 19/12 à 18h30 (salle des agapes. L’occasion de célébrer comme il se doit l’esprit des fêtes, un verre à la main, un brin de musique aux oreilles, autour de quelques tapas partagées en bonne compagnie ! A bientôt au Laü !

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L’ÉDUCATION POPULAIRE DE 1789 A AUJOURD’HUI : des valeurs à réaffirmer, un sens à défendre. https://www.mjcdulau.fr/2023-10/leducation-populaire-de-1789-a-aujourdhui-des-valeurs-a-reaffirmer-un-sens-a-defendre-2/ Tue, 17 Oct 2023 07:43:00 +0000 https://www.mjcdulau.fr/?p=3165

Au cours de la grande Histoire des sociétés humaines, par-delà les particularismes des époques, des civilisations ou des lieux, il apparaît que le savoir et la culture ont toujours représenté un enjeu de pouvoir absolument déterminant et un moyen de légitimer et maintenir la domination d’une « élite » sur le reste de la population.

On comprend mieux, à la lumière de ce constat, pourquoi la question de la diffusion et de la transmission de ces savoirs, tout comme les modalités de cette dernière, occupe une place de premier plan au sein du débat public, et ce depuis les prémices de notre république et de sa devise : « Liberté, égalité, fraternité ».

En avril 1792, Nicolas de Condorcet, homme politique français et fin orateur représentant des Lumières, remet à l’Assemblée un rapport et un projet de décret portant sur L’Organisation générale de l’instruction publique. On peut notamment y lire : « tant qu’il y aura des hommes qui n’obéiront pas à leur raison seule, qui recevront leurs opinions d’une opinion étrangère, en vain toutes les chaînes auraient été brisées, en vain ces opinions de commandes seraient d’utiles vérités ; le genre humain n’en resterait pas moins partagé entre deux classes : celle des hommes qui raisonnent, et celle des hommes qui croient. Celle des maîtres et celle des esclaves ».

Ce rapport de Condorcet est considéré comme fondateur de « l’éducation populaire » en cela qu’il en pose les valeurs et principes. L’égalité entre les hommes est pour lui une vérité morale et sociale qui appelle de façon urgente une autre politique et d’autres comportements. Il pense que les seuls obstacles au bonheur de l’homme, s’appellent préjugés, intolérance, superstition. Il suffit d’instruire et de développer la raison de chacun pour mettre un terme au malheur public. Pour lui la tolérance est une valeur aussi sacrée que la raison.

Si la Révolution Française n’a pas abouti à une véritable abolition des clivages sociaux, le pouvoir de la bourgeoisie se substituant à celui de l’aristocratie, ni à la mise en application des idéaux éducatifs de Condorcet, elle a néanmoins permis le brassage et la maturation d’un grand nombre d’idées émancipatrices, dont celles défendues par Condorcet. Elles vont faire leur chemin et se traduire par la progression des idées animant le mouvement de l’éducation populaire.

1968 exprime la critique d’une culture élitiste. En mai 1968, la grande majorité des directeurs de Maisons de la Culture se réunissaient au Théâtre de la Cité de Villeurbanne, alors dirigé par Roger Planchon, pour discuter de leurs espoirs concernant une culture de service public en France. C’est le 25 mai que la réunion des directeurs aboutit à la Déclaration de Villeurbanne autour de trois points essentiels : la formation, la création et l’action culturelle. Cette Déclaration fut signée par trente-trois responsables d’institutions culturelles. La culture n’est pas qu’un simple projet de diffusion culturelle, affirment-ils, elle doit avant tout s’adresser au « non-public », c’est-à-dire dire toute cette frange de la population qui ne se rend pas dans les lieux culturels.

 « C’est pourquoi tout effort culturel ne pourra plus que nous apparaître vain aussi longtemps qu’il ne se proposera pas expressément d’être une entreprise de politisation : c’est-à-dire d’inventer sans relâche, à l’intention de ce non-public, des occasions de se politiser, de se choisir librement, par-delà le sentiment d’impuissance et d’absurdité que ne cesse de susciter en lui un système social où les hommes ne sont jamais en mesure d’inventer ensemble leur propre humanité ».

Aujourd’hui encore, 50 ans après, cette déclaration reste un document fondateur de la réflexion sur l’accès à la culture. Nous voulions à notre tour et à notre niveau réaffirmer et partager avec vous les valeurs humanistes de l’éducation populaire qui animent le Laü et donnent sens à ses actions, à travers le partage et la rencontre qui lient entre eux tous ceux qui ont le plaisir de s’y investir.

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LES ÉMERGENCES DU LAÜ : Table ronde/débat « Pourquoi une nouvelle loi Immigration Asile ?» https://www.mjcdulau.fr/2023-10/les-emergences-du-lau-table-ronde-debat-pourquoi-une-nouvelle-loi-immigration-asile/ Tue, 10 Oct 2023 15:31:15 +0000 https://www.mjcdulau.fr/?p=3144 Une table ronde pour comprendre la réalité des phénomènes migratoires en France.

 

Alors qu’un nouveau projet de loi est annoncé par le gouvernement pour légiférer sur l’immigration et l’asile en France, le Collectif pour le Respect des Droits des Etrangers, (qui regroupe une douzaine d’associations militantes locales), propose, en partenariat avec la M.J.C. du Laü, une table ronde dédiée à ce sujet. Présentant des intervenants de haute volée, tels que François Héran, sociologue professeur au collège de France et auteur de plusieurs ouvrages sur la question migratoire, Anna Sibley, juriste chargée d’étude au Gisti (Groupe d’Informations et de Soutien aux Travailleurs Immigrés) et Henri Masson, président de la Cimade, cet évènement nous propose d’interroger la pertinence de ce projet législatif en prenant le temps de comprendre les enjeux et la réalité des phénomènes migratoires aujourd’hui.

 

Le CRDE : l’union fait la force

Créé en 1987, pour militer contre la loi Pasqua qui permettait l’expulsion de jeunes migrants vers le pays d’origine de leurs parents, le Collectif pour le Respect des Droits des Etrangers, ou CRDE, regroupe une douzaine d’associations locales militantes qui partagent un même combat : défendre les droits et la dignité des étrangers sans papiers et les aider au mieux dans leur parcours migratoire.

« Au-delà des fortes valeurs et convictions partagées qui fondent son socle, d’ailleurs matérialisées par une charte cosignée, l’une des grandes forces de ce collectif repose justement sur la diversité de ses champs d’actions et d’expertise », explique Vincent Cabanel, membre du CRDE et animateur de cette future table ronde.  « Droit et expertise juridique, connaissance des administrations et institutions, recherches et études de terrain, réseaux solidaires à différentes échelles… Parce qu’elle se traduit par une grande complémentarité de ses savoir-faire et domaines de prédilections, la coordination de son collectif confère au CRDE une légitimité et une reconnaissance sur la scène politique ou institutionnelle ce qui lui donne aussi du poids dans ses rapports de force avec ces différents acteurs. Plus concrètement, cela se traduit aussi par des ressources variées et complémentaires mise au service des différents migrants soutenus par une ou plusieurs associations du collectif. Enfin c’est aussi cette capacité à puiser dans ses différents champs d’expertise qui permet au CRDE de remplir au mieux l’une de ses principales missions : expliquer le plus précisément possible au public les dynamiques et enjeux des phénomènes migratoires, montrer, chiffres à l’appui, cette réalité dans toute ses nuances et sa complexité, à travers plusieurs perspectives, mettre en lumière la diversité des parcours et situations migratoires… Tout l’inverse en somme de certains discours politiques ou idéologiques qui tendent à simplifier, tronquer voire déformer cette réalité pour mieux l’utiliser électoralement. C’est d’ailleurs le but de cette table ronde : à travers l’examen de ce projet de loi et surtout de sa pertinence, l’idée est de partager l’expertise du collectif sur les lois qui existent déjà et le contexte migratoire actuel dans lequel elles s’inscrivent aujourd’hui.

 

Tordre le cou aux idées reçues

C’est un fait assez méconnu mais l’opinion publique française est majoritairement en faveur de la régularisation des sans-papiers, bien que cette avance reste faible (53% pour contre 47 contre). Un résultat que je trouve très intéressant dans la mesure où il illustre que, face aux nombreux messages idéologiques et démagogiques de certains politiques, les gens restent avant tout rationnels, ils ne sont pas idiots.  Raison pour laquelle il est aujourd’hui primordial de délivrer des informations factuelles, vérifiées et sourcées pour rétablir la vérité sur des questions trop souvent traitées de manière biaisée, de façon à aborder ces questions en les replaçant au cœur des différents contextes (économiques, politiques, idéologiques etc…) qui les sous-tendent. Le terme « migrant » d’ailleurs est très révélateur de cette simplification démagogique de la réalité. Un seul terme pour désigner des statuts, des parcours, des pays d’origine ou des situations extrêmement variées. C’est un mot fourre-tout idéal pour instiller la peur et dresser des caricatures.

La peur des migrants est de trois ordres, en schématisant : économique, sécuritaire et identitaire.  Chacune de ses peurs peut pourtant être facilement dissipée par la raison, dès lors qu’on se penche un peu dessus. Économiquement parlant, les migrants rapportent bien plus qu’ils ne coûtent, de nombreuses études le montrent avec clarté. Ce sont souvent des individus qui ont tout laissé derrière eux pour seulement une chance de survivre, ils ne demandent qu’à travailler et créer de la richesse ! La question sécuritaire est indissociable du contexte social. Oui la misère crée de la violence et de l’insécurité, mais ce n’est pas un scoop, dès lors que l’on sort de ces contextes de pauvreté la violence s’évapore ! Quant à la question identitaire, là encore l’écart entre les préjugés et la réalité se donne à voir. Une étude sociologique récente montre que dans leur grande majorité, les migrants adoptent très vite la culture de leurs pays d’accueil, ils cherchent l’intégration.  Il me paraît important de réhumaniser cette réalité en montrant les visages, les vies, les histoires que représentent toutes ces statistiques. Il est frappant de voir à quelle vitesse les bénévoles se rapprochent des migrants dans les associations, autour d’un café, d’un billard ou de simples conversations. Il faut bien-sûr faire attention à ne pas tomber dans une démarche de « Zoo », mais j’invite tout un chacun à venir rencontrer ces personnes, à s’intéresser à elles, à échanger tout simplement. Bien des idées reçues s’effondrent lors de ces rencontres.

 

Des intervenants de haute volée.

« A l’image des associations qui constituent le CRDE, les intervenants de la table ronde font montre d’une grande diversité de leurs champs d’étude, ce qui permettra justement de croiser différentes perspectives pour appréhender au mieux les interrogations soulevées.

François Héran

Professeur au Collège de France, titulaire de la Chaire « Migrations et Société » depuis 2017, sociologue, anthropologue et démographe, François Héran est avant tout l’auteur de plusieurs ouvrages aussi documentés qu’accessibles, dédiés au thème des migrations. « Son dernier livre « immigration, le grand déni » souligne à quel point les représentations et la réalité diffèrent à propos des phénomènes migratoires en France, dès lors que l’on prend le temps d’examiner sérieusement ce sujet, explique Vincent. L’immigration est aujourd’hui un mot épouvantail dont on se sert quotidiennement en politique, une véritable obsession dont l’auteur montre avec courage et rigueur scientifique le non-sens. C’est une position à la fois scientifique et courageuse. »

Henri Masson

Il est né dans les premiers camps de réfugiés de Gurs et occupe aujourd’hui le poste de président de la Cimade, une association historique dont l’expertise est largement reconnue en terme de rigueur dans son organisation et son recrutement.  Les résultats de ses enquêtes font très souvent référence nationalement, le tout avec une approche des plus humanistes.

Anna Sibley

Elle est une juriste, chargée d’étude au GISTI (Groupe d’Informations et de Soutien aux Travailleurs Immigrés). Source incontournable d’expertise juridique et politique pour les associations de défense des étrangers, le GISTI a publié de nombreuses publications reconnues, et régulièrement actualisées, elles constituent une véritable « bible » pour les militants du secteur. L’association est née en 1972 de la rencontre entre des travailleurs sociaux, des militants associatifs en contact régulier avec des populations étrangères et des juristes. Cette double approche, à la fois concrète et juridique, fait la principale originalité du groupe.

 

Une première partie sous les feux de la rampe

 

Pour introduire cette table ronde, un duo de danseurs composé de Sophie Gamba Lautier, danseuse et professeur de danse (d’expression africaine) à la M.J.C. du Laü et Andy Scott Ngoua danseur professionnel, nous proposera une performance chorégraphiée, avec l’intention de mettre en scène le vécu des migrants sur leur parcours. Derrière les chiffres et statistiques à travers lesquels se donnent à voir au public les migrants, ce sont des vies, des rêves et des espoirs qui apparaissent dès lors que l’on prend le temps de regarder et les considérer humainement. Ayant lui-même connu un parcours migratoire, Andy Scott Ngoua prêtera sa voix, en fond sonore, à cette performance artistique qui cherche à nous faire traverser sa frontière.

Vendredi 13 octobre 23023 à 19H, un évènement ouvert à toutes et tous !

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