Actualités

Agenda

À LA UNE

Association pour le maintien d’une agriculture paysanne : Mangez bien, au prix juste tout en contribuant à une agriculture écologique de qualité.

Tous les mardis soir au Laü, fleurissent dans la cour centrale ou sur les marches du hall d’accueil des bacs remplis de légumes aux couleurs de saisons et autres produits de la ferme autour desquels s’attroupe une petite foule hétéroclite et souriante. « Voici votre panier de la semaine ! » « Vous m’en direz des nouvelles de ces choux ! » « A la semaine prochaine ! » peut-on y entendre. On pourrait croire un marché agricole classique si ce n’est qu’ici, aucun étal n’est dressé, aucun prix affiché. A la place, les producteurs, tenant dans leurs mains une liste, reçoivent chaque client qu’ils semblent bien connaître et leur délivrent un panier préparé à l’avance. L’occasion d’échanger quelques mots sur le produit en question, sa confection ou sur le métier du producteur. Un théâtre qui ne manque pas d’interpeller adhérents d’activités au Laü, jeunes du foyer des adolescents ou simplement passant qui s’y arrêtent, intrigués.

« C’est vrai qu’on nous interpelle souvent sur ce que nous faisons ici » reconnaît Marie-Pierre Martin, présidente de l’Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP) du grand cèdre. Ça tombe bien, c’est précisément ce que nous sommes allé poser aux participants de ce rendez-vous hebdomadaire ! Qu’est-ce qu’une AMAP au juste ?

 

Qui a dit que manger sain, éthique et local devait coûter cher ?

 

Inspirée par un système déjà existant outre atlantique, en Amérique du nord, les Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne, ou AMAP pour les intimes, sont nées au début des années 2000 dans notre pays. Fondée en 2009 et présente au Laü depuis ses débuts, l’AMAP du grand cèdre rassemble aujourd’hui quelques 35 adhérents aux profils différents mais aux valeurs partagées. Comme leur nom l’indique, les AMAP visent à développer une agriculture durable au sein d’une économie locale et solidaire entre villes et campagnes, en rapprochant les consommateurs et producteurs au sein d’une relation placée sous les augures de la confiance, la sociabilité et le partage de valeurs, écologiques et sociales.

 Le principe est aussi simple qu’efficace et repose sur un engagement mutuel entre un producteur et un consommateur, qui prend la forme d’un micro contrat. Du côté de l’acheteur, ou « amapien » comme on les appelle au grand Cèdre, on s’engage à acheter à intervalle réguliers (selon une base de temps choisie hebdomadaire, de 15 jours, 3 semaines ou mensuelle) un ou plusieurs produits choisis (dans la quantité désirée) et sur une période déterminée, allant de 3 mois à un an. Ce contrat offre au producteur une visibilité sur le futur de ses ventes ce qui lui permet de proposer un prix juste et constant tout au long des échéances sans avoir à craindre les fluctuations d’un marché parfois capricieux. Un système qui lui permet aussi de poursuivre son activité dans une démarche où il se reconnaît : écologiquement durable et socialement saine.  « Pour certains producteurs, c’est cet engagement et la visibilité qu’il procure en terme de prospectives  qui les a rassurés et leur a permis de sauter le pas vers une agriculture bio par exemple » explique Marie Pierre. De son côté, le producteur s’engage à fournir un produit de qualité et de saison avec une transparence totale sur sa fabrication et sa traçabilité et ce au prix juste, constant et compétitif.

Pour faciliter le bon déroulé de ces échanges, l’association  met à contribution des adhérents bénévoles pour assurer le poste de « référent ». A chaque producteur est alloué un référent qui jouera un rôle d’intermédiaire avec la clientèle dans l’optique de faciliter les échanges, soulager le travail du producteur et accompagner les « amapiens » dans leur démarche. Il veille notamment à vérifier le détail des commandes pour la composition des différents paniers, vérifie que le montant des différents chèques soit correct (il est possible pour le consommateur de payer en une seule fois en début de saison ou en échéances mensuelles) et rapporte les informations qu’un producteurs voudraient passer à sa clientèle en dehors des rendez-vous hebdomadaires par exemple.

« Un système gagnant-gagnant » résume la présidente du grand Cèdre, dont les vertus ne se cantonnent pas aux seuls bénéfices économiques ou écologiques qu’il assure.

 

Devenir consom’acteur !

 

Entré en tant que simple adhérente, Marie Pierre a très vite cherché à s’investir au sein de l’association dont elle a assura la présidence six mois seulement après l’avoir rejointe. C’est la simplicité du système qui l’a séduite en premier lieu, caractère commun aux meilleures idées. « Au-delà des aspects pratiques pour chacune des parties, l’AMAP permet au consommateur de devenir un « consom’acteur », c’est-à-dire d’avoir une visibilité et un contrôle sur le contenu de son assiette, ce qui est bien plus difficile ailleurs et pas seulement dans les grandes surfaces. Ainsi en faisant simplement ses courses, on exerce sa citoyenneté, on s’engage dans une démarche militante qui a un impact très concret sur l’agriculture et l’économie locale et propose une alternative sérieuse et éprouvée au mode de consommation plus « classique ».

« Certaines personnes sont rebutées à l’idée de s’engager à acheter régulièrement sur plusieurs mois rajoute-elle. Je leur réponds souvent que cela revient au même lorsqu’on fait des courses hebdomadaires au supermarché, d’autant plus qu’on peut largement moduler la formule que l’on souhaite adopter en terme d’achats au sein de l’AMAP. D’abord, chaque producteur propose, en fonction des produits plusieurs échéances possibles, allant d’un achat hebdomadaire à un mensuel (Voir plus haut). Ensuite  les produits sont à la carte, tout comme les quantités souhaitées il n’y a pas de forfait : on peut donc se contenter d’acheter une boîte d’œufs ou un seul litre de lait par semaine, il n’y a pas d’obligation.

Il n’est pas forcément facile de consommer responsable dans les grandes surfaces, que ce soit en terme de lisibilité sur le produit ou tout simplement de disponibilité. Les AMAP vous permettent de le faire très simplement et de constater directement l’impact de cette démarche auprès d’un producteur que vous apprenez à connaître, qui vous parle de son métier, de son produit, de sa confection. On met un véritable visage derrière un produit, c’est autrement plus gratifiant humainement qu’un code barre qu’on passe en caisse.

 

Une relation producteur – consommateur enrichie.  

 

« C’est l’aspect qui m’a le plus séduit au grand cèdre, s’enthousiasme Agnès, amapienne depuis quelques années déjà : la relation de confiance que l’on tisse avec le producteur, qui déborde largement le cadre strictement commercial de l’échange. On échange des mots, on s’informe sur aléas de sa production, sur la petite histoire du produit qui nous attend dans le panier et qui témoigne d’un savoir-faire qui force le respect et nous permet de le considérer à sa juste valeur. Et puis on a la sensation de contribuer directement à la promotion des valeurs qui nous rassemblent ». Un propos que rejoint Cédric, producteur de produits laitiers depuis 9 ans, qui, entre deux remises de paniers abonde en ce sens : « pour moi c’est un véritable plaisir de parler de mon métier aux clients qui m’interrogent à ce sujet et ils sont nombreux. Je suis fier de parler de mes produits et fier qu’on y goûte ! C’est avant tout un contrat humain selon moi que l’on établit au grand cèdre, fondé sur l’échange, la confiance et le partage de valeurs fortes au sein d’une démarche dans laquelle on se retrouve pleinement !

Seulement 20% de la production de Cédric se retrouve dans les paniers des amapiens, le reste s’adressant aux cantines scolaires des alentours pour rester dans des circuits courts, ce n’est donc pas le gros de son chiffre d’affaire, même si cela représente une part conséquente, mais l’important est aussi dans le sens. « Etre producteur aujourd’hui relève du défi, encore plus si on s’inscrit dans une démarche écoresponsable et durable. Les AMAP me permettent de partager cet engagement et cet amour du produit de qualité et ça cela n’a pas de prix.

Le Laü est avant tout un lieu de rencontre, d’échanges, de vivre et faire ensemble, raison pour laquelle l’AMAP du grand cèdre y a toute sa place ! A vous d’y faire un tour, tous les mardis à partir de 18h30 ou 45. Entre deux sourires et trois explications de ce qui fait un produit agricole qui sait, vous pourriez bien devenir un consom’acteur militant tout en contrôlant votre porte-monnaie. « Gagnant-gagnant » on vous dit !  

 

Blog du grand cèdre : https://sites.google.com/site/amapdugrandcedre/home

À lire aussi